L’exposition originale dont s’enorgueillit le Château de Nyon (jusqu’en avril 2019) marque d’une pierre blanche l’histoire de l’architecture helvétique. Cette rétrospective est en effet consacrée à un matériau oublié, la «brique» de verre patentée en 1886 par un enfant du pays, l’architecte nyonnais Gustave Falconnier (1845-1913), dont l’invention a connu un succès européen à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. L’appellation «brique» ne rend guère justice aux qualités structurelles et esthétiques de ce nouveau matériau, en verre soufflé dans un moule, donc creux comme une bulle, léger, plutôt fragile et relativement coûteux, qui n’a par conséquent rien de la trivialité massive de la brique de terre cuite telle qu’on l’imagine communément. Les riches formes et couleurs des briques de verre Falconnier, les effets de résille que permettent les géométries inventives et les traitements de surface variés, les reflets transparents, translucides, opalescents ou diaprés, les mille scintillements des facettes confèrent à ce matériau un côté précieux et se révèlent parfaitement en phase avec le courant Art nouveau alors en plein développement.
L’exposition et son catalogue (sous la direction d’Aline Jeandrevin) éclairent un aspect méconnu des techniques constructives intégrant la conduite de la lumière et présentent au visiteur un patrimoine artistique et industriel inattendu.