Invité par le Centre des sciences historiques de la culture (Université de Lausanne) pour le semestre de printemps 2021, Bertrand Tillier donnera un cours bloc intitulé “Les statues meurent-elles aussi ? Monuments publics, conflits de mémoires et médiatisation transnationale (XIXe-XXIe siècles)”.
Docteur en histoire de l’art, maître de conférences à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (2000-2009), Bertrand Tillier a été successivement professeur à l’Université de Bourgogne (2009-2016), où il a enseigné l’histoire de l’art contemporain et la culture visuelle des XIXe et XXe siècles et où il a dirigé le Centre Georges Chevrier (UMR CNRS, 2011-2016). Il est actuellement professeur d’histoire contemporaine à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, où ses enseignements portent sur la culture visuelle et l’histoire des médias et où il est chercheur au sein de l’IDHES.
Ses recherches concernent principalement les rapports entre les objets visuels, les arts, les discours et la politique (la Commune de 1871, l’affaire Dreyfus, le socialisme, Mai 68, etc.), la performativité des images en contexte de crise, les images médiatiques et périodiques (la presse illustrée, l’histoire de la caricature aux XIXe et XXe siècles), la reproductibilité des images fixes et la transmédialité des productions visuelles, la critique d’art et l’historiographie de l’art (notamment autour la figure de l’historien d’art Léon Rosenthal).
Détails du cours-séminaire (Université de Lausanne)
1ère partie: 3-4 mars 2021 (mercredi 14h15-17h45 + jeudi 09h15-11h00, ANTHROPOLE 5021)
Cours général: mercredi 3 mars, 14h15-16h00, AMPHIMAX 351
2ème partie: 24-25 mars 2021 (mercredi 14h15-17h45 + jeudi 09h15-11h00, GEOPOLIS 1628)
Cours général: mercredi 24 mars, 14h15-16h00, AMPHIMAX 351
3ème partie: 14-15 avril 2021 (mercredi 14h15-17h45 + jeudi 09h15-11h00, ANTHROPOLE 5021)
Cours général: mercredi 14 avril, 14h15-16h00, AMPHIMAX 351
Détail des salles:
Mercredi 14h15-17h45: AMPHIMAX 351
Jeudi 09h15-11h00: 04.03.21 ANTHROPOLE 5021; 25.03.21 GEOPOLIS 1628, 15.04.21 ANTHROPOLE 5021
Au moins depuis la Révolution française – car la pratique lui est bien antérieure si l’on en juge par les sources dont on dispose déjà pour la période antique – et jusqu’au mouvement américain « Black Lives Matter » né suite aux événements de Charlottesville (2017) et relancé avec la mort de George Floyd (2020), dont l’onde de choc fut mondiale, les sociétés contemporaines n’ont pas cessé, avec des fréquences variables et généralement sous la forme de crises, de confronter des monuments publics à des relectures critiques et des mobilisations militantes. Les statues royales en 1789 ou la colonne Vendôme en 1871, les monuments dédiés aux grandes figures dreyfusardes (Trarieux, Zola, Lazare…) au début du XXe siècle, les effigies statufiées de Marx, Lénine, Staline ou Dzerjinski après la chute du communisme dans les pays de l’Est , les Bouddhas de Bamiyan (2001) sous les explosifs des Talibans, les statues de Saddam Hussein (Irak, 2003) ou toutes celles de dictateurs abattues lors des Printemps arabes, sans oublier les monuments contestés de personnalités ayant soutenu ou promu l’esclavagisme et le racisme (« Rhodes must fall », Afrique du Sud, 2015), aux Etats-Unis comme en Europe (Belgique, France, Espagne, Grande-Bretagne…), dessinent une généalogie de la contestation doublée d’une géographie des passions citoyennes. Les actions perpétrées à l’encontre de monuments qui, souvent n’étaient plus regardés dans l’espace public, sont rudimentaires et archaïques – destruction partielle ou totale, graffiti, empaquetage, déplacement, détournement… –, mais elles se répètent dans des temporalités changeantes où, à chaque fois, cette grammaire de gestes est réinvestie d’une valeur symbolique, sociale et politique. Cet enseignement sera l’occasion d’interroger l’anthropologie de ces répertoires d’action, de contextualiser les logiques historiques et les discours que cristallisent les monuments, d’en explorer les silences (notamment d’un point de vue esthétique ou patrimonial) et d’analyser, à travers la forte médiatisation transnationale des déboulonnages, la fabrique d’événements désormais mondialisés.