Existe-t-il des différences entre la consonne sourde et celle dont le voisement est neutralisé ?
Oriane Martin & Arbelinda Mazreku
UNIVERSITÉ DE LAUSANNE
FACULTÉ DES LETTRES
Section des sciences du langage et de l’information,
Cours de Phonétique, Printemps 2020
Notre expérience porte sur l’analyse du voisement dans les paires de consonnes occlusives [p/b], [k/g] et [t/d]. Notre question de recherche est la suivante: les locuteurs francophones produisent-ils une différence dans les paires de consonnes occlusives en attaque, lorsque le voisement est neutralisé en voix chuchotée? Si oui, de quelle nature sont ces différences et sont-elles perceptibles par les locuteurs francophones?
Pour mener à bien cette expérience, nous avons tout d’abord enregistré quatre locuteurs francophones lors d’une lecture de listes de mots présentant des paires minimales (ex: du poids vs du bois) et avons analysé leurs énoncés, afin de voir si des éléments phonétiques permettaient de distinguer les deux types de consonnes (voisées et non voisées). Enfin, nous avons repris certains de ces enregistrements et avons élaboré un questionnaire permettant d’évaluer la perception des participants, afin de voir s’ils parvenaient à distinguer les deux types de consonnes.
Notre questionnaire à été réalisé à l’aide de LingSurvey. Il est composé de deux parties: une première partie que nous avons intitulée
“Perception”, composée de 44 questions, et une seconde partie intitulée “Informations Personnelles”, composée de 4 questions permettant d’avoir des informations sur le sexe, la langue maternelle et l’âge des participants. Il leur était également proposé, dans cette seconde
partie, de laisser leur adresse email si les résultats de l’étude les intéressaient.
Au total, nous avons reçu 189 réponses à notre questionnaire. Nos résultats montrent une grande variabilité liée au lieu d’articulation des consonnes et aux mots choisis. Toutefois, l’identification correcte à plus de 93% pour le /d/, à plus de 73% pour le /k/ et à plus de 78% pour le /g/ nous laisse penser que les locuteurs sont bel et bien capables de percevoir une différence. Certaines consonnes ont été très bien identifiée dans un mot, mais pas dans un autre ayant la même consonne (90% de réponses correctes pour le “bois” du locuteur 4, mais uniquement 11.88% pour le mot “boule” du même locuteur).
L’étude complète est disponible à l’adresse suivante : https://drive.switch.ch/index.php/s/Njn81PbGWSTZ0us