Parmi les termes auxquels recourent le plus volontiers les contemporains d’Antoine Watteau (1684-1721) pour évoquer sa peinture se distinguent les mots de nouveauté et de charme, tandis que l’artiste, mort à moins de quarante ans, est qualifié de peintre célèbre.
Il n’y a probablement guère de peintres dont le succès ait été aussi extraordinaire. Travaillant hors des milieux de cour et de ceux du mécénat traditionnel, Watteau parvient en quatre ans à la célébrité, ainsi qu’à la reconnaissance par les institutions politiques, financières et artistiques. L’ensemble de son œuvre est gravé dans les années qui suivent son décès prématuré.
Christian Michel (Section d’histoire de l’art), sur les bases d’une documentation renouvelée, analyse les fondements de ce succès et reconstitue le système d’évaluation de la peinture dans les différents milieux – amateurs, artistes, marchands – qui ont acquis des tableaux de Watteau et ont contribué à sa vogue. Ce faisant, l’étude de la réception de Watteau par ses contemporains conduit tout aussi bien à s’interroger sur les processus qui ont mené à une toute autre lecture chez les historiens ultérieurs et sur les modes d’approche prisés de nos jours.
Christian Michel, Le «célèbre Watteau», Genève, Droz, 2007.