En mars 1448, dans la région veveysanne, plusieurs individus comparaissent devant l’inquisition. Suspectés de sorcellerie et d’hérésie, ils avouent sous la torture qu’ils se rendent au sabbat, qu’ils y rencontrent le diable, qu’ils se livrent à des orgies et qu’ils dévorent des enfants. Ces procès, dont la précocité est significative sur le plan européen forcent, les accusés à donner une image riche en détails de leurs prétendues activités nocturnes.
La présente publication revient sur cette chasse aux sorciers et sorcières, qui bénéficie d’un large consensus parmi la population, et sur l’imaginaire du sabbat, qui s’installe progressivement dans l’horizon mental du début des Temps modernes. S’inscrivant dans la continuité du combat de l’Église contre les hérésies, ces procès ciblent, contrairement à certaines idées reçues, davantage d’hommes que de femmes, de niveau social très varié.
Grâce à la richesse de ces trois procès de sorcellerie, qui sont ici publiés et traduits par par Martine Ostorero (Section d’histoire), apparaissent le mécanisme des persécutions et le fonctionnement du tribunal de l’inquisition, au moment où celle-ci se spécialise dans la lutte contre la sorcellerie. Cette publication présente donc les premières applications pratiques du concept du sabbat tel qu’il a été élaboré dans les premières décennies du XVe siècle.
Martine Ostorero, « Folâtrer avec les démons ». Sabbat et chasse aux sorciers à Vevey (1448), Lausanne, Cahiers lausannois d’histoire médiévale, n° 15, 2008.
