Inscrit dans ce que l’on appelle « le cinéma moderne », le réalisateur français Éric Rohmer (1920-2010) n’a cessé de revendiquer son classicisme. Le paradoxe se comprend par la force structurante de la référence à la littérature libertine, qui explique le récit rohmérien comme les rapports entre les personnages.
Cette réédition augmentée du livre de Maria Tortajada (Section d’histoire et esthétique du cinéma) le confirme à travers l’analyse des films des années 2000 et celle de nombreux écrits inédits. L’enjeu est théorique : l’auteure définit une forme de séduction dont le principe est l’ambiguïté. Séduire, c’est capter le désir de l’autre en donnant son propre désir en représentation.
Apparaît alors un nouveau Rohmer, lecteur de Sade – ce dont témoigne le court texte publié ici pour la première fois, « Les infortunes de la vertu. D’après une œuvre célèbre du XVIIIe siècle français » – et cinéaste-écrivain, dont la démarche créatrice explore les limites entre littérature et cinéma.
Maria Tortajada, Éric Rohmer : Le spectateur séduit. De la représentation, Paris, Kimé, 2017.