Témoignages d’étudiant·e·s

Témoignage de Camille Biner

Etudiante, inscrite au programme de spécialisation « Eclairer l’interculturalité »

 

 

  • Pourquoi le programme ?

En analysant les options qui s’offraient à moi en termes de programme de spécialisation, le programme « Eclairer l’interculturalité » a tout particulièrement retenu mon attention. En effet, la thématique générale m’intéressait, d’une part, fortement. Mais également, et surtout, la combinaison de la théorie et de la pratique grâce à la réalisation d’un stage dans un milieu professionnel m’a paru être un atout pertinent par rapport à la réalité d’aujourd’hui.

  • Présentation du stage

 

Dans le cadre du programme « Éclairer l’interculturalité », j’ai réalisé mon stage au sein de la Fondation PROFA à Lausanne – fondation qui s’occupe des questions liées à la santé sexuelle et reproductive. Le programme de spécialisation étant axé sur l’interculturalité et la migration, j’ai trouvé très intéressant de m’y pencher sous l’angle de la santé publique, plus précisément sous celui de la santé sexuelle et reproductive qui constitue une dimension très intime de l’individu, mais qui est également omniprésente. De plus, durant la totalité de mon parcours académique, cette thématique n’a que peu, voire pas du tout, été abordée.

La fondation étant composée de six services différents, mon stage s’est déroulé au Centre de compétences et prévention VIH/IST (CCO) au sein du programme Migration et Intimité. Il s’agit d’un programme de prévention des maladies sexuellement transmissibles s’inscrivant « dans une perspective de santé globale et d’intégration par les pair-e-s, pour et avec les personnes migrantes ». Son mandat comprend ainsi l’information, l’éducation et la communication en santé sexuelle et reproductive auprès des personnes migrantes d’Afrique subsaharienne et d’Amérique latine (ces populations sont particulièrement touchées par le VIH et les IST du point de vue épidémiologique). Toutefois, sur le terrain, le programme ne se limite pas à ces populations spécifiques, mais s’élargit à toutes les personnes migrantes. Les chargés d’action mènent un travail dit « de proximité, basé sur un rapport de confiance et sur une compréhension culturelle de la vie et des problématiques de l’usager ». À cet égard, il s’agit alors de permettre l’éclosion d’espaces, au sein desquels des échanges peuvent avoir lieu autour des questions d’intimité et de sexualité, dans le respect des croyances et des traditions de chacun.

 

  • Activités réalisées

 

Dans le cadre de mon stage au sein de ce programme, j’ai eu l’occasion d’accompagner les chargés d’action dans leur travail de proximité et être ainsi confrontée à la réalité du terrain. À cet effet, il convient de relever l’impressionnante diversité de ce travail de prévention et d’information qui regroupe non seulement une multiplicité d’interventions différentes en termes de collaboration vécue ; mais aussi une variété importante au niveau des modes d’intervention eux-mêmes qui peuvent prendre différentes formes selon le groupe cible ou l’institution.

Les activités réalisées peuvent être réparties selon une logique binaire : les activités formelles (programmées et agendées) et informelles (« noyade communautaire »), où les chargés d’action se rendent là où les communautés se réunissent et discutent avec elles de leurs besoins afin, éventuellement, de mettre en place une collaboration. Ainsi, au niveau des activités formelles, j’ai eu l’occasion de prendre part à de nombreuses interventions : cours de français ; soupe du vendredi à l’Armée du salut avec les populations roms ; Café-rencontre (rencontre gratuite autour d’un café afin de discuter de certaines thématiques) ; interventions au sein d’autres institutions (Fondation Point d’Eau, Malley Prairie, etc.). Au départ, mon rôle consistait en une observation participante, qui s’est au fil du temps transformée en participation plus active, aussi bien au niveau de la réflexion et de la préparation des ateliers, qu’à celui de l’animation de ceux-ci. À titre d’exemple, lors d’un Café-rencontre à Vevey, on m’a confié la responsabilité de la préparation et de la présentation de l’atelier qui portait sur la transmission maternelle du VIH. Au niveau des activités informelles, qui consiste à rencontrer les communautés, j’ai eu l’occasion de me rendre à la maison de quartier de Faverges, afin de discuter de la faisabilité d’une collaboration éventuelle.

 

  • Expérience

 

La réalisation de ce stage fut une belle expérience et m’a permis d’acquérir de nombreuses compétences autres qu’académiques et théoriques. En effet, l’acquisition d’un savoir-faire utile sur le terrain permet d’ajouter « une corde à son arc ». De plus, le stage m’a véritablement plu et m’a donné envie de me lancer, après la fin de mon master, dans une carrière professionnelle en lien avec la migration.

Enfin, d’un point de vue humain, cette expérience fut très riche en rencontre et en partage, que ce soit au niveau des professionnels avec lesquels j’ai eu l’occasion de travailler, mais également avec les communautés rencontrées. Je me souviens de cette jeune femme syrienne avec laquelle j’ai beaucoup discuté, ayant le même âge que moi, qui m’a raconté avoir dû fuir son pays en guerre et abandonner ses études universitaires de musique. De telles rencontres ne laissent certainement pas de marbre et m’ont enrichie d’une manière jamais expérimentée auparavant.