La révision du Bachelor est en route !
Après un projet pilote orienté sur le module B2.4 (circulation, respiration) et mené avec succès, le travail de révision du Bachelor se poursuit et s’étalera sur plusieurs années. Sur quels constats se base la décision de l’École de médecine de réviser le Bachelor en concertation avec les responsables de module et les responsables de discipline ? Comment et selon quels concepts pédagogiques cette révision se met-elle en œuvre ? Vous le découvrirez en lisant ces lignes.

Le curriculum de Bachelor en bref
Les deux premières années de médecine (BMed1 et BMed2) constituent le socle « pré-clinique » du cursus. Elles sont principalement dédiées à l’apprentissage des disciplines scientifiques de base (chimie, physique, biologie, histologie, anatomie, embryologie, physiologie). Ces enseignements de base, organisés en modules thématiques, sont complétés par des introductions et illustrations de physiopathologie, de radiologie, de pathologie générale et de pharmacologie générale.
Dès l’année BMed3, l’enseignement est organisé sur la base de symptômes et intègre la physiopathologie, la pathologie, la pharmacologie ainsi que les autres disciplines médicales permettant l’apprentissage de la prise en charge clinique des maladies fréquentes.
Plusieurs constats ont incité l’École de médecine (EM) à mener un projet de révision du Bachelor, sous la coordination de la Pre Francesca Amati, vice-directrice académique, et Ana Silbering, adjointe aux années précliniques à l’Unité de pédagogie médicale.
- Le nombre d’intervenant·es ne cesse d’augmenter depuis plusieurs années. « Pendant l’année académique 2023-2024, environ 500 enseignant·es différent·es sont intervenu·es dans les cours en auditoire, dont plus de la moitié pour 3h ou moins » détaille la Pre Amati. Avec autant d’enseignant·es, le cursus souffre d’une fragmentation excessive et il devient dès lors difficile de savoir précisément ce qui est enseigné avant ou après chaque enseignement individuel. En conséquence, un nombre important d’enseignements contient des répétitions inutiles ou s’éloigne des objectifs d’apprentissage du module en allant trop dans les détails de la matière. Cela engendre une certaine perte de cohérence et de logique dans la progression de l’enseignement au fil du cursus.
- En parallèle, la façon dont la clinique est abordée dans les deux premières années a connu une évolution non souhaitée. L’introduction précoce dans le cursus de notions issues de la clinique avait pour objectif d’expliciter l’importance capitale des concepts issus des sciences de base pour le raisonnement et la prise en charge cliniques. Il est largement reconnu que cette contextualisation clinique permet de mieux ancrer l’apprentissage des étudiant·es. Cependant, au fil des années et particulièrement en BMed2, beaucoup de ces enseignements sont devenus des cours de clinique plus avancée. « Ces contenus, dédiés à la prise en charge de maladies avec des listes de symptômes et de traitements, sont inadaptés au niveau de progression des étudiant·es concerné·es » explique la Pre Amati qui rappelle également que le cloisonnement – historique – des enseignements par discipline est contraire à l’approche intégrative exigée par le référentiel national PROFILES.
Ces dérives, combinées entre elles, induisent une tendance à l’apprentissage « par cœur » chez les étudiant·es, tendance que l’EM souhaite éviter au profit d’une approche basée sur la réflexion ainsi que sur la compréhension et la mise en lien des concepts clés.
Pour entreprendre ce travail de révision, l’EM a mis le concept de l’alignement pédagogique au centre de ses réflexions.
Il est en effet fondamental que les objectifs d’apprentissage, la matière abordée, les méthodes d’enseignement ainsi que le format et le contenu des évaluations des apprentissages soient alignés dans un continuum cohérent. Si les objectifs d’apprentissage et l’évaluation des apprentissages dépassent la simple rétention pour viser l’application et la réflexion, alors l’étudiant·e – qui travaille dans la perspective de réussir ses examens – favorisera en toute logique une approche d’apprentissage dépassant le bachotage. Les enseignant·es ont la responsabilité de s’assurer que les objectifs d’apprentissage de chaque enseignement soient alignés avec les objectifs globaux du cursus et visent le bon niveau d’apprentissage. De plus, la cohérence doit être garantie jusqu’à l’élaboration des questions d’examens pour que les étudiant·es privilégient la réflexion leur permettant ainsi un apprentissage plus durable.
En ce sens, un projet pilote a été mené avec succès sur le module B2.4 (circulation, respiration), en s’appuyant sur les actions suivantes :
- Les enseignements sont organisés autour d’unités d’enseignement (UE), qui regroupent des cours touchant une même thématique, afin d’assurer la cohérence tout au long du module.
- L’organisation et l’enchaînement des enseignements sont clarifiés, depuis les cours introductifs de la première semaine jusqu’aux cours intégratifs de la dernière semaine, en insérant des vignettes pour faire le lien entre la physiologie et la physiopathologie.
- Les objectifs d’apprentissage spécifiques de chaque enseignement son révisés et précisés, mettant davantage l’accent sur la réflexion (par opposition à l’apprentissage « par cœur »).
- La complémentarité entre les modules traitant des mêmes thématiques au travers des différentes années du cursus est renforcée : par exemple, un « fondu – enchainé » entre le B2.4 (circulation, respiration) et le B3.1 (coeur, poumons) a été mis en œuvre, afin de diminuer les répétitions dans les différents enseignements centrés sur les systèmes cardiovasculaire et pulmonaire, tout en favorisant la progression des étudiant·es.
- La matière et les supports de cours sont adaptés pour limiter les contenus qui sont du ressort des années cliniques, comme les listes de diagnostics, de symptômes ou de signes cliniques.
- Les questions d’examen sont rédigées de manière à favoriser l’évaluation des compétences d’analyse et de réflexion, plutôt que les simples connaissances.
Ces changements apportés au module B2.4 ont déjà permis d’améliorer la cohérence des enseignements et de clarifier ce qui est attendu des étudiant·es aux examens. Le travail de révision se poursuit durant cette année 2024-2025 avec les modules B2.5 (digestion, métabolisme) et B2.6 (système urogénital et homéostasie), tandis que les modules B2.2 (sang, immunité, microbes) et B2.3 (neurosciences) seront abordés lors de l’année académique 2025-2026. La BMed3 sera révisée en dernier lieu, en coordination étroite avec le projet de réforme du cursus de Master que l’EM a initié en ce début 2025.
Il est à noter que ce travail de révision ne peut être fait qu’en étroite concertation avec les responsables de module et les responsables de discipline.
Et la Pre Amati de conclure : « Il sera crucial de préciser, dans la foulée de cette révision, les différents rôles et responsabilités : la contribution des responsables de module et des responsables de discipline est essentielle pour garantir la qualité de l’enseignement dans la durée ». Ce faisant, ils et elles doivent pouvoir compter sur un cadre institutionnel solide qui les accompagne dans la sélection des enseignant·es et dans le choix et l’articulation de la matière abordée.