Les revendications des mouvements féministes de cette période se distinguent de celles de la première moitié du siècle. En effet, le droit de vote est acquis en France et en passe de l’être en Suisse, les conditions de travail sont désormais plus favorables aux femmes, et ces dernières ont accès à l’éducation au même titre que les hommes. L’émancipation des femmes progresse, et c’est à la question des inégalités culturelles et sociales que s’attaquent les mouvements féministes.
Un message emblématique de cette période est la phrase “le privé est politique”, parue dans un numéro du magazine Partisans intitulé “Libération des femmes année 0” en 1970, qui devient une référence des mouvement féministes français. Cette phrase symbolise le besoin d’aborder le sujet des problèmes qui auparavant restaient sous silence, car faisant partie de la sphère privée. Ainsi, d’un point de vue social, les mouvements féministes militent pour la démocratisation de la contraception et le droit à l’avortement, qui est acquis en France en 1975 ainsi que le divorce par consentement mutuel. Au niveau de la vie politique, les féministes militent toujours pour le droit de vote en Suisse, qui est finalement accordé aux femmes en 1971. Enfin, économiquement parlant, les mouvements luttent pour déculpabiliser les femmes et les mères à travailler, et contre la discrimination des femmes dans le monde du travail.
Ces mouvements féministes interagissent avec des acteurs variés au travers d’actions politiques (“la femme du soldat inconnu” en 1970), de manifestations, de pamphlets ou de livres.
Les figures de proue de ces mouvements sont souvent des personnages publiques d’importance qui doivent aussi être considérés.
Les personnalités publiques prennent position sur les revendications féministes, donnent de la visibilité aux mouvements et influencent l’opinion publique. Plusieurs exemples notables peuvent être cités, comme Simone de Beauvoir avec la parution du Deuxième Sexe et le “manifeste des 343 salopes” par le Nouvel Obs paru le 5 avril 1971: des femmes publiques des milieux intellectuels et du spectacle revendiquent leur avortement. Ces personnes sont souvent des personnalités politiques. Et cela nous emmène à la question du rôle de l’Etat.
La place des femmes dans la société est grandement influencée par l’Etat. C’est pourquoi il se trouve confronté aux revendications des mouvements féministes qui veulent faire évoluer leur cause. En effet, les pouvoirs exécutif et législatif de l’Etat changent la perception que la société a de diverses questions en débattant notamment de leur légalité. Une bonne partie de la lutte féministe vise l’acquisition de droits, qui passe par l’approbation de lois.
Dans le domaine social, l’impact de l’état est considérable. Il en existe de nombreux exemples, comme la légalisation de la vente de produits contraceptifs en 1967 en France.
De plus, l’influence des Etats sur l’économie a des conséquences sur les emplois et carrières des femmes. En 1965 en France, une loi permettant à une femme de travailler sans l’accord de son mari.
Enfin, l’influence de l’Etat sur l’éducation a des conséquences sur la place des femmes dans la société car une éducation différenciée façonne et habitue les écoliers et écolières à des ensembles d’activités ou concepts en fonction de leur sexe. Par exemple:
S’il semble aujourd’hui incongru de penser que filles et garçons aient des programmes d’enseignement différents, les premières devant s’adonner a? des activités ménagères ou de dactylo, alors que les seconds font du sport, s’initient aux expériences de physique ou a? la géométrie, ces différences formelles dans les curriculums de l’école obligatoire furent pourtant une réalité jusque dans les années 1980, dans de nombreux cantons en Suisse.
L’Etat est grandement influencé par les prises de positions et importances des partis politiques qui proposent les futures législations et militent ou non pour ces dernières.
Les partis politiques doivent en effet prendre position afin de préserver leurs électorats et défendre leurs valeurs. Les partis de droite se positionnent majoritairement contre les idées féministes tandis que les partis de gauches tendent plutôt à les soutenir. En 1962 le Mouvement démocratique féminin rassemble des femmes majoritairement de gauche. Il y a donc à la fois un soutien et une opposition au féminisme suivant la nature du parti.
Les entreprises, par leurs décisions stratégiques, de gestion des ressources humaines, de rémunérations influent sur la place des femmes et par conséquent sur les revendications féministes luttant contre le harcèlement sexuel au travail ou contre le plafond de verre ; les féministes souhaitent que les femmes aient un salaire égal à celui des hommes pour le même poste, et qu’elles ne soient plus limitées dans la hiérarchie des entreprises.
Les médias ont un rôle clé dans la question féministe. La manière de relayer les informations ou le choix de ne pas le faire influencera l’opinion des lecteurs. L’analyse se concentre majoritairement sur la presse. De nombreux journaux traitent (ou non) des questions féministes, ce qui a des conséquences sur la perception de ces mouvements par la population suivant la lumière sous laquelle ces informations sont énoncées.