Sciences Humaines et Sociales Semestre de Printemps 2023
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Par BENNEWITZ Emil, HARBICH Benjamin, PHENG Wissam
INTRODUCTION
Le 18 avril 1951, dans un contexte européen d’après-guerre et de reconstruction économique, est signé le traité de Paris qui donne naissance à la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier (CECA). Mutualisant les marchés de l’acier et du charbon, l’objectif est d’encourager la prospérité et la coopération entre États européens. Parmi les Etats signataires se trouve le Grand-Duché du Luxembourg, également l’un des futurs membres fondateurs de la Communauté Économique Européenne (CEE), qui voit le jour en 1957 lors des traités de Rome.
Du côté helvétique, ces évolutions sont observées de près, car la Suisse est dépendante économiquement des États voisins. En effet, elle occupe une position géographique centrale en Europe: sans accès à la mer, le commerce est essentiellement continental1. Le pays collabore économiquement au sein de l’OECE (Organisation Européenne de Coopération Économique) puis de l’OCDE (Organisation de Coopération et Développement Économiques), et signe des accords avec les institutions européennes, comme les accords de libre-échange en 1972. Politiquement, la Suisse reste indépendante des coopérations militaires occidentales, par égard à la politique de neutralité qu’elle souhaite mener, et n’adhère pas à la CEE ni à l’Union Européenne (UE). Le Luxembourg est, de son côté, pleinement intégré dans la construction européenne. Plusieurs institutions siègent sur son sol (Cour des comptes européenne, Cour de justice de l’UE, Secrétariat général du Parlement).
Questions de recherche
Selon Martin Herzer, auteur de “The Media, European Integration and the Rise of Euro-journalism, 1950s–1970s”, le Luxembourg ne fut pas le théâtre d’un engouement médiatique majeur lors de la fondation de la CECA. Ce n’est qu’après les traités de Rome (25 mars 1957) que le journalisme pro-européen gagne en importance jusqu’aux années 702. Nous vérifierons avec des outils numériques ces affirmations: à quelle époque parle-t-on des institutions européennes le plus fréquemment ? Qu’en est-il en Suisse ? Nous pourrons utiliser les outils de recherche d’articles et de mots-clés (par exemple les mentions aux institutions européennes). Nous essayerons aussi de déterminer si l’avis des articles est positif ou négatif3. Cela nous permettrait d’apprécier et de comparer l’europhilie ou l’europhobie de la presse des deux pays.
Nous avons mentionné la participation suisse dans de nombreux accords européens, principalement d’ordre économique, alors que le Luxembourg joue un rôle plus politique. Évaluons l’équilibre entre le nombre d’articles économiques et le nombre d’articles politiques. Les thématiques économiques ont-elles plus de poids en Suisse qu’au Grand-Duché ? La différence de poids est-elle aussi ressentie au sein de ces pays, selon le langage parlé? Comment cet équilibre a-t-il évolué dans l’histoire? L’outil “filter by topic” d’Impresso sera utile.
Nous regarderons de près la période suivant le premier choc pétrolier (en 1973). Selon Herzer, cette crise aurait divisé les gouvernements sur la bonne politique économique à adopter. Les débats engendrés auraient été repris dans les médias, témoignant d’un euroscepticisme grandissant. Cependant, les “Euro-journalistes” (journalistes activistes pro-européens) auraient occupé des postes importants dans les médias, et auraient plus que jamais souligné l’importance de l’intégration. Le chercheur Anil Awesti4 confirme que cette période est conventionnellement interprétée comme une période de stagnation économique, mais parle d’un “mythe” de l’eurosclérose. La presse est-elle dominée par un point de vue sur l’intégration européenne ?
Les deux pays partagent une diversité linguistique et culturelle singulière. Il est donc pertinent de s’interroger sur l’existence et l’importance d’un “Röstigraben” sur ces questions européennes, y compris au Grand-Duché. Les réponses à nos questions de recherche précédentes varient-elles si l’on regarde la presse germanophone et la presse francophone séparément ? En effet, en plus du pays d’origine, la langue est un facteur important. La différence d’avis entre journalistes de différentes langues peut être significative5. Cette question accompagne la majorité de nos analyses.
Notre recherche nécessite de travailler sur les archives des presses suisses et luxembourgeoises, accessibles notamment à travers l’interface Impresso. Le contenu est cependant hétérogène : Impresso contient davantage de titres suisses que luxembourgeois, et la presse francophone est plus représentée que la presse germanophone. Il sera nécessaire de réaliser une sélection réfléchie de documents sur le sujet de l’étude pour mener à bien les analyses.
OPÉRATIONNALISATION
Construction du corpus
- Recherche par mots-clés
Pour constituer un corpus sur la construction européenne, la sélection rigoureuse des mots-clés est essentielle pour filtrer les articles pertinents sur Impresso. Les termes vagues (Europe, UE) et homonymes (traité de Rome, pouvant référer à la Cour Pénale Internationale) sont exclus. Les mots-clés doivent être également traduits pour obtenir un corpus multilingue en accord avec les questions de recherches. Nous pouvons exclure certaines traductions qui n’ajoutent pas de nouveaux articles au corpus. Disposant d’une large quantité d’articles, nous n’incluons pas de formes dérivées des mots-clés (variantes OCR, fautes de frappe,…).
La liste suivante est alors obtenue (Fig.1). On est alors en mesure de sélectionner les articles contenant au moins l’un de ces mots grâce au filtrage d’Impresso. Le but de cette procédure est de sélectionner un ensemble d’articles en lien avec les thématiques européennes, au sens large.
- Intervalle de temps
L’idée d’une union des pays d’Europe se concrétise à la fin de la seconde guerre mondiale, il est donc judicieux de démarrer l’étude à 1945. Le graphe suivant montre l’évolution du nombre d’articles sur le site Impresso contenant l’un des mots-clés ci-haut.
Compte tenu de l’aboutissement avancé des mécanismes de la construction européenne en 1998, notre étude s’y limitera.
- Affinage
Pour filtrer les documents n’étant pas des articles, les textes de moins de 50 mots ont été retirés. Dorénavant, nous appelons “corpus général’’ (La version finale a été téléchargée le 28 mars 2023) l’ensemble d’articles sélectionnés ainsi.
Pour accélérer les traitements numériques, certaines analyses nécessitent d’échantillonner le corpus général (ou l’un de ses sous-corpus mentionnés plus bas). Ceci sera précisé pour chaque analyse.
- Analyse du corpus général et division en sous-corpus
Notre étude comparant les presses suisses et luxembourgeoises, il est naturel de différencier les articles selon leur origine géographique. Diviser le corpus par langue est également pertinent pour l’analyse sémantique et pour détecter les divergences culturelles.
Les chiffres d’Impresso révèlent que la plupart des articles luxembourgeois sont parus avant 1950. Après cette année, il ne reste plus que le journal le “Lëtzebuerger Land”. Les articles classés comme écrits en luxembourgeois s’arrêtent complètement en 1950. Certains rares articles en luxembourgeois, mais mal classés, subsistent. Les articles en luxembourgeois ne feront donc pas l’objet de nos analyses, mais représentent une petite partie des articles publiés au Luxembourg. Les sous-corpus restants sont les suivants :
Langue/Pays de parution | Suisse | Luxembourg |
FR | 110.918 | 2.228 |
DE | 20.442 | 4.210 |
Totaux (corpus Suisse et Luxembourg) | 131.360 | 6.438 |
Total (Corpus général) | 137.798 |
On les dénomme “corpus suisse” ou “corpus suisse-francophone”, par exemple. Les analyses IRaMuteQ (wordcloud, dendrogramme) ci-dessous sont basées sur la sélection des 10.000 premiers articles suisses classés par ordre de “relevance” (ou pertinence) par le moteur de recherche impresso (pour chaque langue). Nous y référerons en tant que corpus réduit.
La Figure 3 suit le nombre d’articles dans le corpus général, publiés en Suisse ou au Luxembourg, au fil des années. Nous voyons la disparition des articles en 1950, puis la première parution du “Lëtzebuerger Land” en 1954, avec une période sans articles entre les deux.
- Défauts et limitations
Le contenu des articles luxembourgeois est inaccessible et certains textes incluent d’autres langues que leur catégorisation, complexifiant l’analyse sémantique hormis sur les titres.
Le filtrage par pertinence et l’absence d’articles luxembourgeois au début des années ‘50 (Figure 3), notamment le manque de diversité de journaux, peuvent biaiser le corpus. Des erreurs d’OCR subsistent; nous avons tenté d’utiliser la librairie OCRfixr de Python pour y remédier, mais les résultats ne sont pas suffisamment satisfaisants. Le filtrage par pertinence aide indirectement.
Analyses
Abordons la première question de recherche:
- A quelle époque parle-t-on des institutions européennes le plus fréquemment ? Qu’en est-il en Suisse ?
Pour avoir une mesure de l’intérêt porté à la question européenne, et savoir avec quelle fréquence les articles apparaissent dans notre corpus, nous divisons le nombre d’articles figurant dans le corpus général par le nombre total d’articles sur Impresso (par année et par pays). La courbe rouge (Figure 4) montre, donc, la probabilité qu’un article suisse sur Impresso a de figurer dans notre corpus général.
Les journaux luxembourgeois d’Impresso couvrent plus fréquemment les sujets européens, suggérant un plus grand intérêt pour ce type de contenu au Luxembourg. Les pics semblent correspondre à des dates clés de la construction européenne : les débuts de la CECA et de la CEDH (1952-53), 1er choc pétrolier (1973), élargissements de l’UE (années ‘90).
Le dendrogramme suivant (Figure 5), créé à partir du corpus réduit, identifie les thèmes dominants. Nous pouvons tenter de résumer succinctement ces thèmes. En allemand, de gauche à droite, nous pouvons nommer la catégorie “parlement”, “social/travail”, “économie”, “politique intérieure”, “politique internationale”. En français, nous avons les catégories “autre”, “parlement”, “économie”, “politique européenne”, “conflits et politique internationale”, “social/travail”.
La hiérarchie permet de regrouper ces thèmes facilement : en français par exemple, politique européenne et internationales sont logiquement similaires, et dans une certaine mesure similaires à social/travail dans le thème de la politique. L’économie possède une classe à part, et les autres thèmes sont plus distants.
Figures 5 et 6. Dendrogrammes des sous-corpus suisse-germanophone (à gauche) et suisse-francophone (à droite)
Nous constatons donc la présence de thèmes similaires dans les deux langues. La politique et l’économie dominent, ce qui amène à la question suivante :
- Évaluons l’équilibre entre le nombre d’articles économiques et le nombre d’articles politiques. Les thématiques économiques ont-elles plus de poids en Suisse qu’au Grand-Duché ? La différence de poids est-elle aussi ressentie au sein de ces pays, selon le langage parlé? Comment cet équilibre a-t-il évolué dans l’histoire?
L’angle économique et politique
L’outil Inspect & Compare d’Impresso permet de comparer, pour chaque pays, (sous-corpus suisses contre luxembourgeois, parmi le corpus général) les thématiques dominantes. Celles-ci sont définies par une collection de mots-clés qui permettra de filtrer à nouveau des articles selon les thématiques afin de les compter. Parmi les différents topics politiques et économiques, les suivants ont été choisis.
Le choix des topics influe directement sur les résultats que nous allons trouver. Par exemple, le premier topic classé économie, parlant de droits du travail, concerne aussi beaucoup la politique.
Comparons en premier lieu la Suisse et le Luxembourg. Un article pouvant toucher à deux sujets en même temps, nous affichons le pourcentage d’articles qui correspond à au moins un topic (Pol or Eco), seulement des topics politiques (Only Pol), seulement des topics économiques (Only Eco), ainsi que les pourcentage d’articles sur au moins un sujet politique (respectivement, économique).
La Figure 8 montre que les articles du Luxembourg sont plus souvent détectés comme correspondant à l’un des deux sujets, en particulier économique. Focalisons maintenant l’analyse sur la Suisse, en différenciant par langue :
En Suisse, un article francophone passe plus souvent le filtre politique qu’un germanophone.
Nous observons que les articles germanophones passent en majeure partie par le filtre économique. Cela est probablement dû au type de journaux que nous avons à disposition en allemand. En effet, ce sont principalement des journaux de syndicats (SMUV, etc.) qui ne s’orientent moins aux événements actuels que les journaux plus classiques.
Puis nous faisons la même démarche pour le Luxembourg.
Au Luxembourg, il n’y a pas de déséquilibre net. Avant d’interpréter ces données, regardons la répartition des articles par journal.
Figure 11. Articles luxembourgeois classés Pol (bleu) et Eco (rouge) par journal
Figure 12.
Figure 13.
Contrairement au sous-corpus luxembourgeois, le sous-corpus suisse est composé de différents journaux. Nous observons une répartition différente des topics en fonction du journal.
Nous pouvons retenir que nous n’avons pas pu soutenir l’hypothèse que la presse luxembourgeoise est plus préoccupée par la coopération politique européenne que la presse suisse. L’hypothèse inverse pour la coopération européenne économique n’est pas soutenue non plus. Cependant, des différences ont été constatées entre les deux côtés du Röstigraben en Suisse.
L’évolution des thématiques abordées en Suisse
Notre question de recherche concernait aussi l’évolution dans le temps de l’équilibre entre les sujets économiques et politiques.
Pour cela, nous avons répliqué le filtre de la figure 7 en Python. Nous avons jugé qu’un article passe le filtre économique (par exemple), s’il contient tous les cinq mots d’une ligne de mots-clés politique dans la figure. Peu d’articles germanophones passent ces filtres, nous avons donc élargi le critère à 3 mots par ligne pour ceux-ci. Par année, nous avons calculé la différence entre le nombre d’articles ayant passé le filtre politique, et le nombre d’articles classés politiques. Le nombre d’articles n’est pas constant au cours des années, mais, en divisant par le nombre total d’articles de l’année en question, nous obtenons un score entre -1 et 1. Un score proche de 1 représente donc une présence plus importante d’articles politiques, et vice versa. Les résultats sont décrits par les Figures 15 et 16 pour chaque langue. Notons que les scores bruts ne peuvent être comparés ou interprétés entre langues en raison des différents choix de mots-clés.
Les journaux germanophones ayant été identifiés comme principalement des médias de syndicats spécifiques, nous nous focalisons sur le corpus suisse francophone.
Il apparaît que les sujets politiques sont très populaires dans les années suivant la Seconde Guerre mondiale, le premier pic pouvant correspondre à la convention de Genève. Le second semble coïncider avec la date des premiers traités majeurs de coopération entre Etats Européens (CECA en 1953 par exemple). Les chocs pétroliers de 1973 et 1979 semblent être clairement reflétés par un regain d’intérêt pour les thématiques économiques.
La question du Röstigraben
En Suisse, une différence marquée est à relever en ce qui concerne les articles francophones vis-à-vis des articles germanophones – un penchant pour le contenu politique. En effet, d’après la Figure 9, un article francophone dans notre corpus général -corpus qu’on peut interpréter comme représentatif des articles portant sur le sujet européen au sens large- a une chance deux fois plus grande de passer le filtre politique que son équivalent germanophone !
Les pourcentages absolus étant presque égaux pour le filtre économique, on peut donc établir que le ratio articles économiques/politiques varie, en effet- mais par langue, et non par pays, comme supposé au départ. De plus, la différence entre langues est nettement moins apparente au Luxembourg. Le Röstigraben serait-il donc un phénomène particulièrement Suisse?
L’opinion de la presse suisse
Le logiciel ‘TextBlob’ de Python a été utilisé pour tenter d’analyser les opinions reflétées par les contenus textuels des articles. Deux scores sont retournés: la polarité (ton positif/négatif) et la subjectivité du texte. La polarité varie entre -1 (sentiment négatif) et 1 (sentiment positif). Le score de subjectivité varie entre 0 (objectif) et 1 (très subjectif).
Malheureusement, nous n’avons pas eu accès aux contenus des articles luxembourgeois, et les titres furent souvent trop courts pour obtenir un score non-nul (ou presque). Le sentiment analysis sur les articles luxembourgeois a donc été abandonné. Nous avons d’abord regardé les 40.000 articles suisses avec le plus haut score de relevance. Les textes allemands et français furent de polarité similairement neutre, avec un score moyen de subjectivité légèrement plus élevé pour le français.
Nous avons suivi l’évolution dans le temps de ces deux scores pour notre sélection de 10.000 articles (corpus réduit).
Le déclin autour de 1973 (la période du choc pétrolier) est peu prononcé, et probablement non significatif.
Focus sur la période du premier choc pétrolier (1973)
Analysons l’ensemble des textes contenant le préfixe “pétrol” ou “Öl” en allemand. Si l’on commence par représenter l’évolution du nombre d’articles ainsi filtrés (environ 2300), un intérêt particulier de la presse apparaît (Figure 16) lors des deux chocs pétroliers de 1973 et 1979.
L’impact de ces évènements se reflète donc dans les sujets de discussion relatifs à la construction européenne. Il est intéressant de réaliser une analyse de sentiments afin de déterminer si ces débats sont polarisés dans un sens.
Le déclin de 1973-1975, puis la reprise économique, sont reflétés dans les données. Cependant, le phénomène n’est pas de grande envergure, et il pourrait être dû à d’autres variables. En effet, la faiblesse de l’effet semble presque contredire l’hypothèse que ce fût une période d’euroscepticisme. De plus, si l’on suppose que le ton des articles concernant l’Europe devient plus sobre pendant cette crise, remarquons que cet effet pourrait être général, et non pas signe d’un euroscepticisme. Néanmoins, notons que la variabilité des courbes avant 1972 est aussi dû au faible nombre d’articles contenant le mot “pétrol” avant la crise. La recherche du mot clé a été implémentée manuellement en python.
Conclusion
Les hypothèses réalisées ne se sont pas toutes vérifiées au cours de l’analyse. Retenons qu’un article luxembourgeois était plus enclin à appartenir à notre corpus général, suggérant un intérêt plus grand pour l’avancement de l’intégration européenne qu’en Suisse. Cependant, l’analyse pourrait être biaisée par le manque de diversité de journaux luxembourgeois. Les différences ayant émergé concernaient l’opposition des sous-corpus germanophones et francophones. Nous avons constaté une plus forte présence de thèmes politiques en français qu’en allemand, effet davantage notable en Suisse. L’influence de la crise pétrolière sur le sentiment moyen des textes publiés dans cette période était moins prononcé qu’envisagé, mais relativement significatif sur les thématiques abordées dans cette période.
Références
1de Rougemont, Denis (1957). “La Suisse et l’Europe après 1945.” Bulletin du Centre européen de la culture et Courrier fédéral (1951-1977) 3:43-47.
2Herzer, Martin (2019). “The Media, European Integration and the Rise of Euro-journalism, 1950s–1970s.”, Springer International Publishing.
3Metag, Julia, & Marcinkowski, Frank (2014). “Technophobia towards emerging technologies? A comparative analysis of the media coverage of nanotechnology in Austria, Switzerland and Germany”. Journalism, 15(4), 463–481. https://doi.org/10.1177/1464884913491045
4Awesti, Anil (2009). “The Myth of Eurosclerosis: European Integration in the 1970s”. L’Europe en Formation , n° 353 – 354.
5Geneviève Bonin, Filip Dingerkus, Annik Dubied, Stefan Mertens, Heather Rollwagen, Vittoria Sacco, Ivor Shapiro, Olivier Standaert & Vinzenz Wyss (2017). “Quelle Différence?”, Journalism Studies, 18:5, 536-554, DOI: 10.1080/1461670X.2016.1272065
Aschinger, Franz (1968). “Die Schweiz und die EWG”. Buchverlag Neue Zürcher Zeitung.