Source : Article complet et original publié dans la Harvard Business Review
Aujourd’hui, avec l’Intelligence Artificielle (IA) générative en plein essor, et un besoin toujours plus marqué d’exploiter les données pour obtenir un avantage concurrentiel, les entreprises se doivent d’adopter un nouveau paradigme de gestion consistant à démocratiser les données dans leurs organisations.
Pour construire une véritable culture des données, il est indispensable de donner les moyens de travailler avec les données non seulement aux expert·e·s en données, mais aussi à tous les membres de leur organisation et quel que soit leur niveau de confort ou d’expertise en la matière. Pourtant, même les natifs du numérique comme Airbnb, Netflix, Uber et d’autres, ont eu du mal à atteindre cet objectif dans la pratique, car « il ne serait pas possible d’avoir un scientifique des données dans chaque pièce ».
L’étude conduite par le Competence Center Corporate Data Quality (CC CDQ), dont l’équipe de chercheur·euse·s est basée à HEC Lausanne sous la supervision de la Prof. Christine Legner, propose des conseils pratiques pour relever ce défi. Ces recommandations sont étayées par des études de cas réels d’entreprises natives du numérique, ainsi qu’une collaboration directe avec des responsables des données de plus de 20 entreprises figurant au classement Fortune 500.
Adopter un nouveau paradigme de gestion: de l’aristocratie des données, à la démocratie des données
Historiquement, les données et leurs privilèges associés (par exemple, l’accès, la propriété, les formations, les connaissances) ont été entre les mains de quelques expert·e·s, créant un savoir tribal et perpétuant une aristocratie des données. Cela a empêché leur intégration, leur exploitation et leur analyse à tous les niveaux de l’organisation, limitant ainsi leur potentiel de création de valeur. La mise en place d’une démocratie des données nécessite une orchestration coordonnée, car il s’agit de motiver et d’habiliter un grand nombre d’employé·e·s à comprendre, trouver, accéder, utiliser et partager les données de manière sécurisée et conforme dans un environnement de travail pertinent.
Cinq piliers pour construire une démocratie des données
Que peuvent apprendre les managers auprès des natifs du numérique et autres multinationales qui ont refait leur retard, sur la manière de construire leur propre démocratie des données au sein de leur organisation ?
Les managers confondent souvent le concept de démocratisation des données avec celui de l’accès universel aux données, alors qu’il s’agit d’un changement culturel et de l’habilitation de tout type de personnes (avec des droits et des obligations) à travailler avec des données dans leurs propres domaines. Nos interactions régulières avec des responsables de la gestion des données et des expert·e·s en analyse nous ont appris que si beaucoup sont conscient·e·s des défis et ont même entamé le processus, ils et elles abordent encore souvent les mises en œuvre de manière fragmentaire et ad hoc.
Nos résultats ont permis d’identifier cinq domaines ou piliers qui aideront les managers à intégrer avec succès les données dans tous les secteurs de l’organisation :
1. Étendre l’accès aux données en déployant des catalogues de données et des places de marché
2. Stimuler la production d’informations fondées sur des données par le biais du libre-service
3. Améliorer la maîtrise des données grâce à des programmes d’études spécifiques pour les personas ou les familles de rôles.
4. Faire évoluer les pratiques en matière de données en créant des communautés
5. Promouvoir les données par le biais de divers canaux de communication de l’entreprise
Bien que ces cinq piliers puissent être construits sans nécessité séquentielle, ils représentent la feuille de route pour progresser. Et le fait de les aborder tous volontairement aide les managers à orchestrer leur passage à une démocratie des données.
N’hésitez pas à contacter les auteurs du Centre de compétence pour la qualité des données d’entreprise, Hippolyte Lefebvre, Christine Legner, et Elizabeth A. Teracino à HEC Lausanne, pour discuter plus en détail de ce courant de recherche et de ses implications pratiques.
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