La croissance économique ne semble pas compatible avec la biodiversité, mais les politiques de conservation la défendent

Résumé d’article « Biodiversity policy beyond economic growth » Otero Iago et al. (2020) Conservation Letters.

Une équipe dirigée par Iago Otero du Centre interdisciplinaire de recherche sur la montagne (CIRM) a analysé les relations entre croissance économique et conservation de la biodiversité. Ces deux composantes étant des objectifs politiques actuellement prioritaires, cette étude questionne leur compatibilité. Les auteurs démontrent qu’en augmentant la consommation des ressources et l’émission de polluants, la croissance économique contribue à la perte de la biodiversité. Paru dans Conservation Letters cette semaine, l’article est une synthèse co-écrite par 22 co-auteurs de 12 pays provenant d’institutions de recherche dotées de compétences fortes en écologie de la conservation et en économie écologique.

Le travail montre aussi que la plupart des politiques internationales sur la biodiversité et la durabilité prônent la croissance économique. Pour remédier à cette situation contradictoire, cette étude présente des propositions de mesures politiques qui pourraient assurer la prospérité indépendamment d’une croissance, contribuant ainsi à freiner la perte de la biodiversité. Entre autres mesures, on peut citer l’adoption de limites nationales aux ressources échangées et la mise en place de programmes de réduction et de partage du travail dans les entreprises.

Enfin, l’étude recommande que l’IPBES (Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques) incorpore une trajectoire surmontant la question de la croissance économique dans son travail de projection de l’état futur de la biodiversité. Pour ce faire, plusieurs indicateurs (économiques, sociaux et écologiques) devraient être considérés. Tout en prenant l’exemple des États-Unis durant les 170 dernières années, le travail montre que la croissance économique peut être corrélée avec une perte de la biodiversité, mais qu’en revanche, elle n’a pas forcement amené plus de prospérité. Alors pourquoi continuer à croître indéfiniment ?

DOI : 10.1111/conl.12713

Coordonnées de contact
Iago Otero
Centre interdisciplinaire de recherche sur la montagne
iago.otero@unil.ch
076 510 45 58

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