Thèse soutenue par Joëlle Mastelic, le 25 mars 2019, Institut de géographie et durabilité
Comment atteindre l’efficacité énergétique dans les bâtiments à faible consommation ? Souvent, dans la littérature on constate une analyse séparée des interventions sur les comportements, sur les artefacts techniques ou sur les normes. Les trois composantes d’un système socio-technique sont en interaction et il s’agit de modifier le système complexe dans son ensemble.
Cette thèse interdisciplinaire analyse les dimensions techniques, économiques et sociales de la performance énergétique des bâtiments basse consommation afin d’agir sur le système avec une intervention regroupant marketing social et Living Lab (LL).
Comment les services énergétiques sont-ils perçus par les consommateurs dans les bâtiments basse consommation ? Sont-ils prêts à co-concevoir des interventions de conservation d’énergie ? Est-ce que ces idées créent de la valeur ? Comment intégrer différentes parties prenantes dans le co-design d’une intervention d’économie d’énergie ? Existe-t-il un « écart de performance sociale » des services énergétiques ? Comment le mesurer ?
Cette thèse est basée sur deux projets de recherche, le projet pilote Energy Living Lab et le projet UserGap utilisant les multi-méthodes séquentielles. Une enquête empirique permet de recueillir des données socio-démographiques. Des entrevues qualitatives en face à face font ressortir les obstacles aux pratiques de conservation d’énergie. Ensuite, une étude de cas analyse le processus de crowdsourcing et mesure la qualité des idées générées. Une deuxième étude de cas analyse l’intégration des différentes parties prenantes dans la co-conception d’un système de gestion de l’énergie du bâtiment. Puis, un nouveau modèle conceptuel sur l’écart de performance énergétique est induit à partir des données.
Nous avons constaté que les consommateurs ne perçoivent pas la qualité des services énergétiques tant que la qualité est bonne. Les services énergétiques ne sont pas fortement liés à la satisfaction de vivre dans des bâtiments à basse consommation. S’ils sont intégrés dans le co-design de solutions, les parties prenantes ont des idées qui créent une valeur sociétale et managériale.
Les LLs agissent comme des catalyseurs, des intermédiaires d’innovation pour orchestrer le co-design dans un écosystème d’acteurs. La question clé de la « performance sociale » pourrait être mesurée par la qualité perçue des services énergétiques. Les multi-méthodes séquentielles utilisées dans cette thèse ne sont pas faciles à reproduire. Les résultats sont limités au secteur du bâtiment à basse consommation. Les études de cas n’ont pas pour but d’être généralisées mais sont exploratoires. Elles devraient être suivies d’une quasi-expérimentation pour généraliser les résultats dans d’autres régions et mesurer l’impact du processus de co-design.
La recommandation à la société de construction, au fournisseur d’énergie et de label énergétique est d’intégrer les parties prenantes dans la co-conception des bâtiments à basse consommation et des interventions de conservation de l’énergie. Une boucle de feedback pourrait réduire l’écart de performance des bâtiments existants et une boucle de feedforward pourrait aider à la conception des futurs services énergétiques.
Les implications sociétales pourraient être la diminution des émissions de CO2, une meilleure intégration du consommateur comme co-créateur de valeur. L’intégration des parties prenantes pourrait également augmenter I’adoption sociale. Cette thèse explore le processus de co-design dans le secteur des services énergétiques dans les bâtiments à basse consommation. Elle propose un nouveau modèle conceptuel pour comprendre l’écart de performance énergétique. La méthode du marketing social dans un LL permet de développer un nouveau processus d’innovation dans le secteur des services énergétiques.