Thèse soutenue par Martin Calianno, le 13 juillet 2018, Institut de géographie et durabilité (IGD)
Les régions touristiques de montagne peuvent vivent des épisodes de pénurie en eau sur des temps très courts (d’un jour à une semaine) en raison des fortes variations de la population temporaire durant les saisons touristiques, combinées aux ressources en eau limitées des hauts bassins versants.
Face à un manque de données concernant les « usages » de l’eau dans ces territoires, la présente thèse a pour but d’approfondir les connaissances et les méthodes de quantification de ces usages. Une clarification terminologique des termes liés aux usages de l’eau, est tout d’abord proposée, autour du concept de cycle d’usage de l’eau. Ensuite, une combinaison d’approches a été utilisée pour étudier le cas particulier des usages en territoire de montagne, où les demandes en eau sont très variables en temps (influence de l’occupation touristique sur les usages de l’eau potable, saisonnalités propres à l’irrigation) et en espace (occupation du sol en fonction de l’altitude, topographie, densités d’habitat).
D’une part, des approches quantitatives sont menées, avec une campagne de mesure des usages de l’eau potable et de l’irrigation dans les communes de Montana (Valais) et Megève (Haute-Savoie), via l’installation de compteurs d’eau, dataloggers et débitmètres. Ce monitoring a permis d’obtenir des observations des usages à haute résolution temporelle et spatiale.
D’autre part, des approches qualitatives (observation directe sur le terrain et entretiens avec les acteurs usagers de l’eau) ont permis d’approfondir les connaissances sur les pratiques d’usages. Des outils ont été développés pour structurer les données d’usage récoltées : le bassin d’usage cartographie leur répartition spatiale, le régime d’usage formalise leurs dynamiques temporelles et la densité d’usage décrit leur emprise spatiale. Une méthodologie simplifiée est également proposée pour modéliser les dynamiques de distribution d’eau potable d’un territoire à partir d’une typologie de régimes d’apports et des caractéristiques d’habitat.
Les régimes et bassins d’usage définis à Montana et Megève ont mis en évidence des différences de saisonnalité à une échelle plus fine que les études précédentes : de l’échelle communale à l’échelle de l’usager. L’importante saisonnalité des usages de l’eau dans la station touristique a ainsi pu être détaillée et quantifiée. Ainsi, il est possible d’identifier les pics d’usage à courte échelle temporelle, qui ne peuvent pas être identifiés avec des méthodes à pas de temps plus grossier. Il est important de détailler ces régimes d’usage car les pénuries se produisant en zone touristique sont générées par des pics d’usage à des échelles de temps très courtes (jour, weekend, semaine).
Par ailleurs, le calcul des densités d’usage a mis en évidence l’importante empreinte spatiale de l’arrosage des jardins à Montana. Ensuite, une étude comparative a mis en évidence les écarts existant entre l’estimation de l’irrigation et l’irrigation effective, observée durant les campagnes de monitoring. Dans le cas de Montana, les méthodes d’estimations utilisées dans la littérature scientifique surestiment jusqu’à 10 fois les distributions réelles d’irrigation. Enfin, suite à l’expérience acquise lors de la mise en place des campagnes de mesure à Montana et Megève, des recommandations sont formulées pour le monitoring des usages de l’eau en territoire touristique de montagne.
Accès au texte intégral
- Martin Calianno, Quantifier les usages de l’eau en territoire touristique de montagne, Université de Lausanne, 2018.