Beyond species list: Consequences of glacier retreat on biodiversity, ecosystem functioning and species interactions

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Thèse en sciences de l’environnement, soutenue le 21 janvier 2026 par Nora Khelidj, rattachée à l’Institut des dynamiques de la surface terrestre (IDYST) de la FGSE.

Le réchauffement climatique s’accélère sous l’effet de l’augmentation rapide des émissions de dioxyde de carbone (CO2). La fonte des glaciers est un symptôme bien visible de ce réchauffement récent. Les glaciers ont commencé à fondre à la fin du Petit Âge Glaciaire (1850), période qui coïncide avec la révolution industrielle et les hausses de CO2. Toutefois, leur retrait s’est fortement intensifié depuis les années 2000, et ne s’améliore pas pour le futur. Entre 20% et 50% des glaciers sont menacés de disparition d’ici à la fin du siècle. 

Le recul et la fonte des glaciers libère de nouveaux espaces dépourvus de glace (marges proglaciaires), ouvrant la voie à la colonisation par une grande diversité d’êtres vivants allant des bactéries ou champignons aux mammifères. La colonisation des marges proglaciaires suscite un intérêt chez les scientifiques depuis de nombreuses années. La recolonisation de ces espaces par les plantes, par exemple, a été très étudiées ces dernières années. Les précédentes études montrent qu’après le retrait d’un glacier, dans un premier temps, les espèces recolonisent ces espaces très vite et la biodiversité augmente. Après une centaine d’année la biodiversité atteint un plateau et n’augmente plus. Pour finalement se stabiliser voire diminuer. Autre fait important, les espèces sont remplacées et ne sont pas les même si l’on se trouve proche du glacier ou plus loin, là ou le glacier se serait retiré depuis plus longtemps. Certaines espèces sont étroitement liées au glacier et en dépendent, la fonte des glaciers engendre la disparition locale de ces espèces. 

La majorité des études menées jusqu’à présent se sont concentrées sur l’identification des espèces. Cependant la biodiversité est bien plus qu’une simple liste d’espèce, elle comprend les interactions entre les différents êtres vivants, les traits des espèces, comme la taille des feuilles chez les plantes, ou service que l’on peut tirer de la nature, comme respirer un air pur.  Négliger ces dimensions revient à sous-estimer l’ampleur des dégâts créer par le changement climatique sur la biodiversité.

L’objectif de cette thèse est d’intégrer ces différents aspects de la biodiversité dans le contexte de la fonte des glaciers. Plus précisément, elle analyse les traits des espèces, leurs interactions et les services écosystémiques

Dans un premier temps, quatre marges proglaciaires ont été échantillonnées pour l’analyse des communautés de plantes. Nous avons d’abord exploré les conséquences du recul glaciaire pour les sociétés humaines. Une revue de la littérature a permis d’établir des liens entre chaque espèce de plante et les contributions qu’elle fournit aux populations, comme du bois. A partir de ces informations nous avons pu créer un nouveau concept : « les contributions des plantes à la société », qui liste chaque contribution fournit pour les plantes étudiées. 

Puis, nous nous sommes concentrés sur les traits des plants. Nous avons évalué comment les traits changent au sein d’une espèce, entre espèces et le long du glacier. Pour ce faire nous avons mesuré différents traits comme la taille des feuilles ou leur teneur en carbone. 

Dans un second temps, nous avons examiné les interactions entre espèces suivant le recul glaciaire. Nous avons pris des échantillons de sol brut, de rhizosphère (le sol attachés aux racines) et de racines pour caractériser les communautés de champignons et bactéries associées aux différentes espèces de plantes, afin de comprendre l’influence du recul du glacier de la présence des plantes sur ces communautés. Enfin nous avons également calculé différents indicateurs qui nous donnent des informations sur les réseaux de plantes-microbes, comme le nombre d’interactions. Nous pouvons ainsi voir comment ces réseaux évoluent suite au recul des glaciers.  

Ces approches complémentaires démontrent que la prise en compte de l’ensemble de la biodiversité est indispensable pour appréhender les effets du changement climatique. Se limiter aux inventaires d’espèces conduit à une vision réductrice et à une sous-estimation des conséquences de la fonte des glaciers sur les écosystèmes. Les résultats de cette thèse mettent en évidence un processus d’homogénéisation de la biodiversité, qui devient donc de plus en plus similaires après le recul des glaciers. Enfin, cette étude souligne la nécessité d’évaluations systématiques de la biodiversité, ainsi que la mise en place de cadres juridiques renforcés pour la protection de ces habitats particulièrement sensibles que sont les marges proglaciaires.

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