Thèse en géographie, soutenue le 11 février 2025 par Ingrid Maria Jahrl , rattachée à l’Institut de géographie et durabilité (IGD) de la FGSE.
Ce travail examine la gestion politique de l’agriculture urbaine dans les villes suisses, dans un contexte de durabilité urbaine et d’utilisation multifonctionnelle des sols. L’étude se concentre sur les villes de Zurich, Lausanne et Berne. À travers des entretiens, des ateliers et une analyse détaillée de documents politiques, elle explore le rôle des jardins urbains dans des villes de plus en plus denses et la manière dont ils peuvent contribuer à la durabilité.
Avec la densification croissante des villes, la concurrence pour les espaces disponibles s’intensifie, soulevant des questions importantes sur la gestion et la répartition des espaces verts. La recherche montre que les jardins urbains deviennent des espaces multifonctionnels qui non seulement apportent des avantages écologiques, mais favorisent également la participation des publics. Ils sont devenus des symboles de l’engagement citoyen et reflètent un changement de politique qui met l’accent sur l’intérêt collectif. De plus en plus de villes misent sur les jardins communautaires comme solutions flexibles et efficientes pour légitimer le maintien d’espaces verts, dans le cadre du « modèle de la ville compacte », là où l’espace est limité. Cependant, la thèse met en garde contre le risque que ces jardins soient instrumentalisés comme de simples outils d’aménagement du territoire sans favoriser une véritable transformation urbaine portée par la communauté.
Dans ce contexte, il est essentiel de comprendre le rôle donné aux différents types de jardins dans les stratégies de durabilité, car cela influence directement la manière dont ils sont gérés. L’un des apports majeurs de cette thèse est l’élaboration d’un nouvel outil d’analyse des mécanismes de gestion des jardins. Les administrations municipales jouent un rôle clé en fournissant des terrains, des ressources et un cadre réglementaire pour intégrer ces jardins dans la l’aménagement urbain. La recherche montre que des jardins urbains étroitement liés aux objectifs de durabilité tendent à recevoir un soutien politique plus fort. Cependant, plus ces jardins sont intégrés dans les politiques de la ville, plus ils risquent d’être contrôlés de manière centralisée, ce qui pourrait freiner le développement d’initiatives citoyennes.
En conclusion, la thèse souligne la nécessité de méthodes de gestion et d’aménagement flexibles et adaptées au contexte local. Bien que les jardins communautaires urbains soient de plus en plus perçus comme des moyens d’atteindre des objectifs politiques et écologiques, une durabilité à long terme nécessite un équilibre subtil entre soutien politique et initiatives des habitants.