Thèse en géographie, soutenue le 4 octobre 2024 par Tsiferaniavo Andriamitantsoa, rattaché à l’Institut de géographie et durabilité (IGD) de la FGSE.
La forêt joue un rôle important dans la régulation du climat. Par conséquent, la lutte contre le changement du climat est devenue un registre d’arguments de la conservation forestière. À Madagascar, la mise en œuvre de la convention mondiale sur le climat mobilise une multitude d’acteurs étatiques, non étatiques, internationaux, nationaux et locaux. Elle entraine des réorganisations notables de la conservation forestière et des relations entre ses acteurs.
Au regard des intérêts économiques liés au carbone de la forêt – les fameux crédits carbones forestiers – des désaccords caractérisent les relations entre les acteurs. Partant de ces désaccords, cette thèse explore la gouvernance forestière à Madagascar. C’est un sujet largement débattu mais cette thèse se focalise surtout sur l’administration publique : sa participation à la conservation forestière au prisme de la valorisation carbone de la forêt. Elle pose la question de savoir en quoi et pourquoi la valorisation carbone de la forêt a modifié le régime institutionnel de gouvernement de la forêt à Madagascar.
En s’appuyant sur une lecture conventionnaliste, cette thèse montre que la conservation forestière et la valorisation carbone de la forêt constituent deux « mondes » différents. D’un côté, dans celui de la conservation forestière, les valeurs collectives des acteurs tendent à supplanter le pouvoir régulateur de l’État. De l’autre côté, la valorisation carbone de la forêt permet au contraire à l’État d’affirmer son pouvoir, notamment dans la mesure où il détient la propriété du carbone de la forêt. L’action publique liée à la forêt constitue dès lors un espace de contestation et de tensions entre les acteurs étatiques et les acteurs non étatiques.
Mais cette thèse permet surtout de comprendre que les acteurs ne restent pas sur une situation conflictuelle. Ils fabriquent des compromis sans que ceux-là ne permettent pas de déboucher sur un nouveau régime de gouvernement des forêts ni en capacité de s’imposer. Ces compromis bâtis sur les intérêts économiques liés au carbone ont induit des changements dans la politique publique de telle sorte que les priorités en sont redéfinies et de nouveaux territoires sont identifiés pour la conservation forestière. Désormais, les arguments de lutte contre le changement climatique relèguent au second plan ceux de la préservation de la biodiversité.