« L’acceptation de la loi sur l’électricité a donné le coup d’envoi que nous attendions » 

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Selin Yilmaz, Institut de géographie et durabilité

La chercheuse de l’UNIL Selin Yilmaz collabore à la mise en place d’un projet-pilote de communautés électriques locales (CEL).

Dans différentes communes tests de Suisse, les citoyen·nes vont s’associer pour produire, vendre et consommer de l’énergie renouvelable locale, en utilisant le réseau de distribution public. L’acceptation en Suisse de la loi sur l’électricité, le 9 juin dernier, permet au projet de prendre son envol.

Afin de sortir des énergies fossiles et de réduire drastiquement sa dépendance vis-à-vis de l’étranger pour son approvisionnement en énergie, la Suisse va augmenter massivement sa production d’électricité renouvelable. C’est ce qui a été accepté par le peuple le 9 juin, lors de la votation portant sur la loi sur l’électricité. Outre le développement d’installations solaires, éoliennes et hydrauliques, la loi prévoit notamment la création de communautés locales d’électricité ou CEL. 

Les CEL offrent la possibilité à chaque citoyen·ne au sein d’une commune de produire, vendre et consommer de l’électricité renouvelable à un prix intéressant à ses voisin·e·s, de façon locale et autonome. Ils et elles pourront pour cela – et c’est une première – utiliser le réseau de distribution public.  

Ce système va être testé prochainement dans plusieurs communes de Suisse romande. Cette action est un sous-projet du programme Sweet-Lantern, financé par l’Office fédéral de l’énergie (OFEN), qui vise à établir un réseau de living labs dans toute la Suisse. 

Efficacité et sobriété

Spécialisée en gouvernance des transformations énergétiques à l’UNIL, Selin Yilmaz est partie prenante de ces opérations. Elle s’occupera du volet sociologique de l’expérience. Il s’agira d’animer des ateliers de co-création et d’accompagnement, d’analyser et de mesurer les impacts sociétaux de la démarche, et de favoriser l’adhésion des participant·e·s au projet. « Il existe actuellement un gap entre les technologies disponibles et le faible taux d’acceptation et d’utilisation de ces dispositifs. Le fait d’intégrer les citoyen·ne·s dans le marché de l’énergie, de les informer des atouts, des évolutions sociales et technologiques est très important pour construire un futur durable », explique la scientifique. 

Grâce à des compteurs intelligents et des interfaces permettant un suivi des flux énergétiques et une facturation en temps réel, les membres de la CEL pourront optimiser leur utilisation des ressources et leurs profits, en favorisant des périodes de consommation, ainsi que la sobriété en général. « L’énergie solaire, par exemple, est par essence intermittente, provoquant des pics et des creux de production. La création d’une tarification dynamique en ligne incite à consommer au moment le plus opportun et permet de limiter ces fluctuations », précise la chercheuse. 

A l’issue de ces études pilotes, un guide devrait voir le jour pour transposer ces structures à d’autres localités. « De la même façon que nous favorisons les aliments et produits locaux, on pourrait imaginer un futur où l’on privilégie la production et consommation de proximité, avec des tarifs intéressants et un contrôle sur toute la chaîne de production », indique Selin Yilmaz. « On l’a vu récemment avec les événements en Ukraine et en Russie : la Suisse est pour l’instant trop vite déstabilisée. Une production locale et le développement de stratégies énergétiques sont indispensables pour l’indépendance du pays. »

Sweet-Lantern

Sweet (SWiss Energy research for the Energy Transition) – Lantern (Living Labs Interfaces for Energy Transition)

Le projet Sweet-Lantern est un programme de financement de l’Office fédéral de l’énergie (OFEN). Son objectif est d’accélérer les innovations qui sont essentielles à la mise en œuvre de la Stratégie énergétique 2050 de la Suisse et à la réalisation des objectifs climatiques du pays. Coordonné par la HES-SO Valais-Wallis, Il réunit un large consortium d’Universités dont l’UNIL, de Hautes Ecoles spécialisées, de communes et d’entreprises. 

Doté d’un financement de 10 millions de francs, le programme s’étendra sur 8 ans (2022-2030) A l’UNIL, Selin Yilmaz est chargée, grâce aux projets pilotes, d’établir in fine des processus d’implémentation de réseaux de coopération énergétiques, pouvant s’appliquer à diverses localités. Elle étudiera également les interactions humains-technologie, la résilience des utilisateurs par exemple, et leur impact sur la collecte de données et l’optimisation des réseaux. 

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