Les étudiant·e·s du cours d’aménagement du territoire répondent à cette question en allant à leur rencontre
Quel est le travail d’un·e aménagiste ? Quelles compétences un·e aménagiste doit-il avoir ? De quelle marge de manœuvre dispose-t-il ou elle dans l’élaboration de solutions ?
Dans le cadre du cours « Aménagement du territoire » de Joëlle Salomon Cavin (Maître d’enseignement et de recherche à l’IGD) et avec l’accompagnement de l’assistant doctorant Quentin Rihoux, les étudiant·e·s de 2e année de Bachelor ont mené l’enquête afin de définir le métier d’aménagiste en Suisse.
Les 20 groupes de 3 à 5 étudiant·e·s ont ainsi rencontré chacun un·e aménagiste travaillant dans l’administration publique cantonale ou communale ou dans des bureaux privés, principalement en Suisse romande, mais également au Tessin. Un nombre non négligeable de leurs interlocuteur·rices se sont trouvés être d’ancien·nes étudiant·e·s Uniliens de l’orientation « Urbanisme durable et aménagement des territoires » du Master en géographie. L’enquête des étudiant·es met en lumière une double dimension du travail de l’aménagiste. D’une part, celle de conseiller et d’accompagner les autorités à différents niveaux — communales, cantonales et fédérales — en proposant des idées de transformation des espaces et des plans d’aménagement. D’autre part, celle de planifier et gérer des projets à différentes échelles, depuis l’élaboration et la révision de plans d’affectation des zones (à bâtir, agricoles, à protéger…) jusqu’à la coordination de projets de développement urbain en collaboration avec une diversité d’acteur·rices –tel·les que les élu·es, ingénieur·es, acteur·rices économiques ou riverain·nes.
Outre des compétences techniques (représentations spatiales, cartographie, modélisation) et juridiques (connaissance des lois en vigueur, hiérarchie des normes, maitrise des procédures), ces entretiens ont montré combien les facultés de communication et de médiation sont au cœur du métier d’aménagiste. Ils·elles cherchent continuellement des compromis entre des acteurs·rices aux intérêts souvent divergents. Soutien politique et créativité constituent des éléments clés de leur marge de manœuvre, quand le cadre légal, les contraintes du site et la durée de procédure, au contraire, la limitent. L’aménagiste est finalement de plus en plus amené·e à organiser et animer des ateliers participatifs et des consultations publiques pour impliquer les citoyen·nes dans les projets.
« Nous pouvons donc conclure que l’une des compétences les plus importantes dans ce travail est la communication. »
Groupe d’étudiant·e·s 25
« Il est clair que ce domaine exige une compréhension approfondie des cadres légaux, une capacité à négocier et une expertise technique. »
Groupe d’étudiant·e·s 17
« Un·e aménagiste doit avant tout être un·e bon·ne pédagogue et vulgarisateur·rice. (…) Pour pouvoir expliquer et convaincre, il ou elle doit simplifier son discours sans pour autant dénaturer ses propos. »
Groupe d’étudiant·e·s 6
« Il convient ainsi de savoir persuader et trouver des stratégies pour que les projets soient acceptés. »
Groupe d’étudiant·e·s 2
« Il a beaucoup plus de contacts avec tous les autres acteur·rices, que ce soit avec la population ordinaire sans connaissances spécifiques, ou avec d’autres profils professionnels de l’instance publique. Ces grandes différences dans les domaines de compétences de chaque partenaire de négociation rendent la communication plus complexe, car il faut s’adapter à tous. »
Groupe d’étudiant·e·s 16
Les résultats de ces entretiens corroborent en particulier ce qui est souvent identifié dans la « Planning Theory » comme un tournant communicationnel ou tournant narratif de l’urbanisme. La mise en récit des projets d’aménagement se révèle en effet une façon de stabiliser un discours de politique publique, d’assurer une certaine cohérence de l’action, de « vulgariser » des documents de planification, mais aussi d’approcher des publics variés pour les faire participer à la fabrique de la ville.