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Comment le prix que nous payons pour nos aliments est-il réparti ? A l’UNIL, des scientifiques ont démarré un nouveau projet de recherche qui vise à mettre en lumière les marges réalisées depuis la production agricole jusqu’à la consommation par les ménages, pour toute une gamme de produits agroalimentaires. Le projet est financé par le canton de Vaud, et va mettre sous la loupe des fruits et des légumes, mais aussi la production vaudoise de lait et de fromage, de viande, de pain et de vin.
La transparence des coûts et des marges réalisées entre la production et la vente au détail est un sujet sensible, qui revient souvent dans les médias suisses. Mais répondre à la question des marges est une tâche complexe et minutieuse, qui exige des discussions de confiance avec toute la chaine : depuis l’exploitation agricole, jusqu’à la distribution, en passant la transformation. C’est l’ambition et le travail quotidien de Floriane Gilliand et Armelle Rochat à la Faculté des géosciences et de l’environnement.
Les consommateur·rices accordent de plus en plus d’importance à la justice des prix alimentaires. Les acteur·rices des filières agricoles réclament aussi de leur côté des négociations plus équitables et une répartition meilleure des prix tout au long de la chaine de valeur. C’est dans ce contexte, que ce projet de recherche ambitieux Transparence économique de filières agricoles vaudoises a vu le jour. Supervisé par Dominique Barjolle (IGD), ce projet se concentre sur le canton de Vaud, et est financé par la Direction générale de l’agriculture, de la viticulture et des affaires vétérinaires (DGAV).
En favorisant la transparence et en suscitant la discussion entre les différents actrices et acteurs, ce projet aspire à jeter les bases d’une répartition plus juste des prix, à renforcer la confiance entre les parties prenantes et à répondre aux attentes croissantes en matière de justice économique dans le secteur agroalimentaire.
Floriane Gilliand et Armelle Rochat, agronomes engagées pour ce projet, ont pour tâche de mener une mission cruciale : convaincre le plus grand nombre de parties prenantes de participer et de jouer le jeu de la transparence. Il s’agit de tisser une relation de confiance, afin de surmonter les réticences liées à l’analyse approfondie des données comptables. Bien que cette tâche puisse sembler délicate à première vue, il apparaît que plusieurs de leurs interlocuteur·rices sont déjà sensibilisé·es aux avantages que peut apporter une transparence accrue.
Cette question économique passionne Floriane Gilliand, qui y a consacré son travail de Master. « Quand on achète un fromage, on ne sait pas du tout où vont les centimes que l’on paye. » Armelle Rochat, qui a aussi travaillé comme maraichère, est consciente de la difficulté de décrypter les coûts de certains produits transformés. Un produit de base comme le pain, par exemple, passe entre des mains variées : du blé semé et récolté est moulu en farine, puis travaillé en boulangerie. Mais cette complexité et l’interaction passionnée avec l’ensemble des métiers de la chaine sont une source de motivation pour les deux agronomes chargées de mener ce terrain. Elles sont aussi convaincues que la transparence sera un avantage marketing pour les filières qui jouent le jeu. « Cela contribuera à apporter de la crédibilité au prix qu’on paye pour la nourriture. »
Traitement des données
Une fois les données collectées, elles seront traitées en toute confidentialité à l’aide d’un logiciel développé par une doctorante de l’UNIL, Inès Burrus, au sein de la start-up Equal Profit.
Spécialisé dans l’analyse des bénéfices équitables de produits exotiques, cet outil va être adapté pour être appliqué sur des produits vaudois. Les résultats des enquêtes sur le terrain, combinés aux bases de données anonymisées, seront analysés selon la méthodologie Transparent Profit et Equal Profit. Sur la base de ces résultats concrets, des ateliers réunissant les parties concernées vont favoriser un dialogue constructif entre chacune d’entre elles.