Thèse en géographie, soutenue le 2 juin 2023 par Hendrikje Alpermann, rattachée à l’Institut de géographie et durabilité (IGD) de la FGSE.
Le présent travail étudie les bâtiments de Halle-Neustadt appelés Hochhausscheiben A-E, qui ont perdu leur usage (humain) vers la fin des années 1990 et qui sont restés dans un entre-deux pendant plus de deux décennies. Cette étude ethnographique décrit cet entre-deux comme un mode de standby, en considérant trois axes : temporel, matériel et politique.
Les profondes transformations que la ville de Halle (Saale) a subies après la réunification allemande n’ont pas seulement apporté un renouveau. Elles ont également laissé beaucoup de personnes et de lieux dans un entre-deux. Ce travail porte attention à cet entre-deux et à ce qui persiste au travers de l’étude d’un ensemble de cinq tours qui, en 2023, sont vacantes depuis plus de 20 ans, à l’exception d’une seule d’entre elles réhabilitée en 2021.
Depuis que les bâtiments ont perdu leur usage initial, leur avenir ne cesse d’être débattu. Il reste à trouver. De nombreux futurs entre démolition et préservation ont été envisagés tout au long de ces années, mais ils ne se sont finalement jamais concrétisés.
Ce travail soutient que les Hochhausscheiben de Halle-Neustadt sont pris dans un entre-deux qui peut être décrit comme un mode de standby. L’étude s’inscrit dans une perspective socio-matérielle et une approche relationnelle des bâtiments comme proposées dans les sciences sociales portant sur les bâtiments et l’architecture. Elle étudie les relations entre les bâtiments, la transformation urbaine et l’urbanisme après l’ère socialiste.
A partir d’une étude ethnographique basée principalement sur des recherches d’archives, des observations et des conversations quotidiennes avec des urbanistes de la ville de Halle ainsi que sur des entretiens, ce travail examine les bâtiments on standby selon trois axes : temporel, matériel et politique.
Comme le montre ce travail, en mode de standby, le temps semble parfois s’arrêter et tourner en rond. Les bâtiments résistent à des futurs possibles. Un alignement des acteurs qui permettrait d’envisager une réalisation n’est pas atteint. Mais c’est entre autres par la poursuite, par la maintenance et par la lutte, que les liens ne se rompent pas, que l’avenir reste ouvert et que l’entre-deux des bâtiments est prolongé. L’entre- deux n’est pas un espace vide. Il prend de lui-même des formes matérielles et organisationnelles spécifiques qui contribuent elles-mêmes à le stabiliser.
Cette recherche se situe à l’intersection des études urbaines et des STS/ANT et rassemble une littérature issue de diverses disciplines pour explorer le standby dans ses multiples dimensions. Elle contribue et entre en dialogue avec les travaux sur le temps, la matérialité et l’organisation des espaces urbains (intermédiaires), les processus et les pratiques des bâtiments en train de se (re)faire alors qu’ils sont pris dans cet entre-deux. En se fondant sur une étude de cas détaillée, elle cherche à développer une compréhension des bâtiments on standby.
En se concentrant sur les futurs des bâtiments qui sont faits et défaits, ce travail contribue à la recherche sur les bâtiments en lien avec la transformation urbaine, en général et sur la compréhension de la vie des bâtiments lorsque leur usage initial est révolu, en particulier.