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Menaces majeures pour la santé humaine et les écosystèmes, les vagues de chaleur vont encore s’intensifier à l’avenir dans pratiquement toutes les régions habitées. Pour le moment, les modèles de prédiction n’utilisent pas tout leur potentiel.
Parue dans Nature Reviews Earth & Environment et menée par une chercheuse de l’UNIL, une étude dresse un état des lieux des capacités de prédiction, émet des recommandations et avertit : il faut mettre au point des plans d’urgence globaux.
Quelques jours, voire quelques semaines. Telle est la capacité maximale des modèles actuels de prédiction des vagues de chaleur. Au-delà de cette période, il est seulement possible de fournir des estimations et de dessiner des tendances. Les modèles actuels n’utilisent pas tout leur potentiel de prévision. Dans ces conditions, il n’est pas possible d’anticiper correctement ces phénomènes, dont l’impact socio-économique est désastreux, et qui affectent tant l’humain que les écosystèmes.
Dans une étude parue dans Nature Reviews Earth & Environment, une équipe de chercheuses et de chercheurs internationale fait un état des lieux des moyens de prédiction des vagues de chaleur, et émet des recommandations pour améliorer ces systèmes.
Ces prochaines années, les vagues de chaleur vont en effet devenir encore plus fréquentes, persistantes et intenses, impactant directement les forêts, l’agriculture, les infrastructures, la demande en énergie, les écosytèmes, le pergélissol et la santé humaine. Les chaleurs humides, qui s’intensifieront particulièrement en Asie du Sud, sont une menace réelle pour la vie des habitants. Il est donc crucial de pouvoir prédire ces événements.
« Nous devons élaborer des modèles prédictifs plus performants pour soutenir la mise en place de plans d’actions efficaces dans toutes les régions, même celles qui ne sont habituellement pas concernées et donc peu préparées », commente Daniela Domeisen, professeure à l’Institut des dynamiques de la surface terrestre (IDYST), et première auteure de l’analyse. « Les mesures actuellement en place ne seront pas suffisantes pour faire face aux changements sans précédent qui se profilent », prédit-elle. « Tous les gouvernements doivent se préparer dès à présent ».
Côté recherche, les scientifiques recommandent de travailler à une meilleure compréhension des facteurs déterminants pour les vagues de chaleur, et une meilleure représentation dans les modèles. Ces améliorations incluent la dynamique de l’atmosphère, tout comme l’humidité de l’atmosphère et du sol. Il s’agit en outre d’établir une meilleure représentation des ondes atmosphériques stationnaires à grande échelle dans les modèles météorologiques et climatiques. Ces ondes déterminent les trajectoires des tempêtes, ainsi que la distribution de l’humidité et de la température dans les zones extratropicales. L’augmentation de la résolution dans les modèles de simulation des blocages est une autre piste à suivre.
De meilleures prédictions permettront de mettre en œuvre un plan d’action sur différentes échelles de temps. A court terme, cela implique la création de centres de refroidissement, des alertes à la population et des mesures de protection pour les groupes vulnérables. À l’échelle d’un mois ou d’une année, l’élaboration de plans d’action chaleur-santé et une collaboration accrue entre les décideurs, les services météorologiques et sanitaires. Enfin, en termes d’années ou de décennies, un travail en profondeur sur la planification urbaine et les infrastructures, et sur l’atténuation du changement climatique.
L’équipe de chercheur souligne enfin que même si l’amélioration des mesures d’urgence permettra de sauver des vies, la priorité absolue reste la réduction drastique des gaz à effet de serre, pour garantir un futur durable.
Les canicules constituent une menace considérable en Suisse également, avec une forte mortalité liée à la chaleur pendant les canicules d’été. Afin de faire face aux vagues de chaleur, le nouveau projet HEATaware, financé par le fonds commun CROSS de l’UNIL et de l’EPFL, sous la direction de Daniela Domeisen à l’UNIL et de Michael Lehning à l’EPFL, évaluera le potentiel des modèles météorologiques et climatiques pour prédire les vagues de chaleur dans les zones alpines et de basse altitude de la Suisse, ainsi que le potentiel d’émettre des alertes sur une gamme d’échelles de temps pour réduire la mortalité humaine due aux vagues de chaleur, en collaboration avec MétéoSuisse et l’Université de Berne.
Plus d’informations sur l’article
Daniela I.V. Domeisen, Elfatih A.B. Eltahir, Erich M. Fischer, Reto Knutti, Sarah Perkins-Kirkpatrick, Christoph Schär, Sonia I. Seneviratne, Antje Weisheimer, and Heini Wernli, « Prediction and projection of heatwaves », Nature Reviews Earth & Environment
Version complète de l’article: rdcu.be/c1xxk