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Thèse soutenue par Morgane Müller-Roux, le 27 septembre 2021, Institut de géographie et durabilité (IGD)
Le tourisme et plus précisément la pratique touristique s’est définie entre 1800 et 2000, soit plus de deux siècles comme une rupture avec le quotidien où le « dé-placement » et la pratique des lieux autres étaient primordiaux. Cette distinction entre le quotidien et le hors-quotidien était maintenue de part la difficulté du maintien des communications et des connexions avec les proches restés « chez-soi ». Désormais, l’ubiquité et la généralisation des moyens de communication et d’information remettent en cause cette discontinuité fondatrice du tourisme ; cette affirmation sera discutée et analysée tout au long de cette thèse. En effet, la mobilité généralisée couplée aux nouvelles technologies du numérique pose désormais de nouveaux enjeux en termes de relations humaines. Le contact entre les individus est maintenu en permanence et ce même lors que les personnes sont séparées physiquement et géographiquement.
Dans ce contexte, une nouvelle forme de pratique touristique émerge : soit se déconnecter des technologies de l’information et de la communication (TIC) pour ainsi (re)créer une rupture avec le quotidien. Les parcs nationaux semblent offrir l’espace idéal pour que les gens « s’éloignent de tout », car la nature – et la wilderness plus particulièrement – devient de plus en plus importante au sein des imaginaires touristiques car elle symboliserait une rupture avec le stress de la vie quotidienne. Cette étude réalisée au sein du parc national de Banff, au Canada tâchera d’illustrer ces nouvelles manières de faire avec la nature.
Cette thèse met également en exergue le fait que les imaginaires touristiques forts ainsi que l’utilisation des réseaux sociaux impliquent la mise en place de nouvelles stratégies pour capturer la matérialité de la nature sauvage et ce faisant crée de nouvelles façons de s’engager avec elle ; des performances photographiques sont produites de manière très particulière en se conformant à l’imaginaire produit par Instagram. En somme, ce travail soulignera l’importance de comprendre comment l’omniprésence des TIC produit de nouvelles pratiques touristiques de nature.