Thèse soutenue par Shiba SUBEDI le 8 septembre 2020, Institut des sciences de la Terre (ISTE)
La chaîne himalayenne se forme depuis plus de 50 millions d’années, à la suite de la collision de la plaque Inde avec l’Eurasie. Actuellement, l’Inde glisse sous l’Himalaya et le plateau tibétain à peu près 2 centimètres par an, générant des contraintes qui sont relâchées régulièrement sous forme de grands séismes. Ces évènements sont connus tout au long de l’histoire humaine car les traces historiques et géologiques au Népal, ainsi qu’au Bhoutan et au nord de l’Inde, en font preuve. La plus récente de ces catastrophes est survenue en 2015 : le séisme de magnitude 7.8 au Népal, près de Gorkha a fait 9’000 morts, 22’000 blessés, et 10 milliards de dollars de dégâts (50% du PIB annuel du Népal). Malgré ces conséquences désastreuses ces chiffres sont plus favorables que celles du scénario le plus probable.
Comment faire pour mieux protéger et préparer la population locale à de telles situations ? Les projets de recherche fournissent des résultats très importants pour mieux comprendre les chaînes de montagnes, cependant les connaissances modernes en sciences de le Terre n’atteignent qu’une très petite partie de la population locale. Le défi principal reste donc à augmenter le niveau de conscience et de préparation par rapport aux séismes. Pour créer le lien manquant entre la recherche académique et les communautés locales, des efforts éducatifs touchant une grande partie de la population jeune sont cruciaux.
C’est dans ce but que nous développons dans cette thèse un programme de sismologie éducative au Népal, autour de deux axes clés :
- un réseau de détection sismique installé dans des écoles à un prix bas,
- une initiation à l’enseignement des sujets sismologiques en classe.
Ceci est mis en œuvre au Népal pour la première fois, en combinant divers éléments d’exemples réussis à travers le monde.
Nous avons débuté le programme au centre du Népal, entre la région du séisme de 2015 et celle où aucun séisme majeur n’a eu lieu depuis 1505. Ici nous avons installé le Réseau Sismologique Scolaire du Népal, avec 22 stations dans des écoles locales, et des instruments de type Raspberry Shake qui ont montré la meilleure performance lors de nos tests et comparaisons. Ce réseau enregistre et fournit des données ouvertes à tous presqu’en temps-réel, qui sont utiles à la fois pour des activités en classe et pour la surveillance des séismes.
Parmi les résultats scientifiques, nous avons construit un diagramme sur le seuil de détection des séismes. Ensuite, nous avons calibré une nouvelle équation de magnitude pour le Népal, lié à la distance entre la station et le séisme, et la vitesse maximale du sol enregistrée lors d’un séisme. Cette équation fonctionne bien pour les événements ultérieurs.
Pour la partie éducative, nous avons préparé et adapté plusieurs matériels au système d’éducation népalais, et nous sommes allés dans chaque école pour initier des activités dans les classes. Nous avons également formé les enseignants à leurs nouvelles tâches avec les capteurs sismiques, et à une meilleure prise de conscience vis-à-vis des séismes. Depuis le printemps 2019, les sismomètres ont été utilisés dans chaque école pour enregistrer des séismes locaux et globaux, pour des activités d’apprentissage par la pratique, et pour estimer la distance et la magnitude des séismes récents et proches, souvent ressentis par la communauté locale.
Nous avons évalué l’effet de notre projet sur les étudiants des écoles à l’aide des questionnaires avant et après le début du programme. Le niveau de conscience par rapport aux séismes, ainsi que la préparation aux séismes futurs ont clairement augmenté ; cependant, la perception du risque n’a pas changé. Globalement, notre approche a été très bien accueillie, et l’impact positif de notre programme est encourageant pour continuer et étendre les efforts à travers le Népal.