Thèse soutenue par Monica Serlavos le 19 février 2020, Institut de géographie et durabilité (IGD)
Depuis le XIXe siècle, les sociétés thermo-industrielles ont basé leur développement sur l’utilisation massive d’énergies non renouvelables de manière centralisée. Aujourd’hui, les conséquences environnementales, mais aussi géopolitiques de ce modèle sont flagrantes.
Le dépassement des limites planétaires, l’augmentation de l’empreinte écologique, la raréfaction des ressources, la diminution du taux de retour énergétique ou encore la forte dépendance énergétique de certains pays comptent parmi les plus inquiétantes. La crise environnementale actuelle appelle à une transformation radicale de nos modes de production et de consommation d’énergie, mais aussi des récits qui les animent.
Notre recherche-action qualitative étudie une vingtaine d’initiatives citoyennes de production d’énergie renouvelable en Suisse romande. À travers l’utilisation de l’entretien semi-directif, le sondage et l’organisation de la première Journée Romande de l’Energie Citoyenne, nous cherchons à comprendre leur potentiel pour transformer le système énergétique et l’imaginaire dominants sous une perspective de durabilité forte.
Nos résultats montrent que les initiatives d’énergie citoyenne, notamment celles proches du modèle coopératif, à travers la production collective et décentralisée d’énergie renouvelable, remettent en question les systèmes énergétiques dominants et proposent une alternative plus démocratique, inclusive et émancipatrice.
De même, elles contribuent à définir les fondements d’un nouvel imaginaire aligné sur une transition énergétique basée sur la sobriété, l’efficacité et la substitution énergétiques. En cohérence avec une définition forte de la durabilité, les initiatives d’énergie citoyenne revendiquent la nécessité d’une réduction drastique de la consommation d’énergie. Faute de ce changement comportemental majeur, le passage vers un système alimenté uniquement par des énergies renouvelables ne constitue pas une réponse crédible aux enjeux actuels. L’énergie citoyenne apparait donc comme une stratégie pertinente, même si imparfaite, pour amorcer une transition écologique et citoyenne.
Cette thèse améliore ainsi la compréhension du phénomène de l’énergie citoyenne jusqu’à présent méconnu en Suisse romande. En cohérence avec une posture de chercheur engagé, elle vise également à soutenir et promouvoir l’émergence et le développement de ces initiatives. La création de l’Association Suisse pour l’Energie Citoyenne en constitue un exemple remarquable.
Accès au texte intégral
- Serlavós Mònica, L’énergie citoyenne : levier pour une société autonome et durable ? L’exemple d’une transition énergétique et des imaginaires en Suisse romande, Université de Lausanne, 2020.