Thèse soutenue par Nathanaël Wallenhorst le 6 février 2020, Institut de géographie et durabilité (IGD)
Utopie
Pouvons-nous, oui ou non, changer le monde ? est l’interrogation qui sous-tend ce travail. La réponse est oui. Comment cela pourra-t-il se faire ? En changeant l’humain. Ni plus, ni moins. C’est le cœur de l’humain qu’il s’agit de transformer. Or, le plus profond de ce qui nous constitue est extérieur à nous. Il est dans cet « entre » qui nous fait humain : dans les relations entre nous, dans la relation résonante avec la Terre, dans la relation conviviale entretenue avec le vivant.
Transformer l’humain, c’est faire émerger un monde commun et partagé. Nourrir cette espérance qu’une transformation du monde est possible est l’enjeu du XXIème siècle et des siècles à venir. Nourrir cette espérance est l’enjeu fondamental de l’Anthropocène. En effet, l’avènement de l’Anthropocène conduit les humains dans une nuit. Mais l’obscurité de la nuit ne nous plonge pas nécessairement dans les ténèbres. L’espérance de transformer le monde nous tient et nous éclaire. Au cœur de l’obscurcissement de l’avenir généré par l’Anthropocène, ce travail propose d’investir l’éducation comme une lueur d’espoir accompagnant un entre nous régénérateur.
Critique
Qu’il n’y ait ici pas de méprise : une telle espérance ne vaut pas une minute de peine si elle n’est pas ancrée dans une analyse critique de ce qui trouve si facilement sa demeure en chacun de nous, cette folie démesurée de la possession illimitée.
Résistance
La transformation du monde sera à la hauteur de notre espérance et de notre analyse critique, mais elle est conditionnée à notre résistance. L’Anthropocène nous convoque à un combat. Face à la double instabilité croissante de la biosphère et du contexte géopolitique, il convient d’entrer en guerre et de choisir nos armes. Notre choix est fait : l’éducation, caractérisée par une radicalité convivialiste et démocratique.
Le geste intellectuel et politique esquissé dans ce travail s’inscrit dans le prolongement de la théorie critique : dans un même mouvement il est proposé une critique de ce qui pose problème dans notre rapport au monde et une proposition de dépassement ayant pour finalité une transformation sociale. Le geste proposé est celui d’un soulèvement et d’une consolidation anthropologique du politique à partir de la vitalisation permise par le partage d’une convivialité entre humains et avec le non humain.
L’identification du convivialisme comme paradigme éducatif pour traverser l’Anthropocène est la matérialisation d’une nécessaire raison d’espérer en dépit de cet héritage de l’Anthropocène. La théorie critique proposée tente d’articuler les fonctions de résistance, de critique et d’utopie. Il importe de tenir dans l’opposition (résistance) à partir de ce qui est identifié comme problématique (critique) pour que l’avenir espéré puisse advenir (utopie).