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Pierre Gueriau, chercheur à l’Institut des sciences de la Terre, a commencé son projet SPARK en décembre dernier, pour un an. Son objectif est d’identifier, dans des animaux fossiles énigmatiques, des restes de biomolécules anciennes. Si le projet réussit, ces biomolécules permettront de classifier ces organismes singuliers, et ainsi de mieux comprendre l’évolution de la vie sur notre planète. Dr. Gueriau partage son enthousiasme et son expérience dans l’écriture de ce nouveau type de projet un peu particulier.
Spark met l’accent sur des projets non conventionnels. En quoi Spark se distingue-t-il d’un projet de recherche classique dans votre cas ?
L’idée que j’ai derrière la tête avec ce projet est née de l’avènement très récent de nouvelles méthodologies offrant des perspectives inespérées dans ce domaine. Le projet en soi est audacieux, surtout d’un point de vue méthodologique. Ce type d’analyses, en plein essor mais également toujours en développement, est très contraignant sur le plan de la préparation d’échantillons. Le matériau « animal fossile » est hétérogène et complexe : il ne rentre absolument pas dans les cas d’école…
L’impact potentiel des résultats est un autre critère important pour Spark. Quel est l’impact principal de votre projet ?
En cas de réussite, ce projet pourrait représenter la première pierre d’un nouveau paradigme en Paléontologie. Une alternative innovante à l’ADN (qui n’est pas préservé au-delà d’un million d’années), notamment pour ce qui concerne les prémices de la vie animale. Nous en sommes encore loin ; mais à court terme ce projet fournira, pour sûr, des données scientifiques inédites sur la chimie de fossiles emblématiques des premiers animaux ayant peuplé notre planète.
Anonymiser le plan de recherche était-il difficile ? Qu’est-ce que cela change dans l’écriture par rapport à un appel d’offres classique ?
L’anonymisation m’avait bien inquiété au départ, principalement parce qu’il n’est point fait état de l’identité des rapporteurs du projet : commission en interne ou experts externes ? Le « monde est parfois petit » dans des disciplines impliquant l’utilisation de méthodes fraiches. Mais au final, de par son côté audacieux, qui doit être mis en contexte (clairement au-delà des seuls travaux des requérants), et de par sa limite de cinq pages, ce type de projet s’écrit facilement à la 3ème personne. D’autre part, alors que dans certains projets l’on a tendance à incorporer le maximum de ses propres travaux pour mettre en valeur sa contribution, il existe dans le cas de Spark un autre document visant spécifiquement à justifier la capacité des requérants à mener à bien le projet. En outre, et c’est ce qu’il faut avoir en tête lors de la rédaction, Spark souhaite plus valoriser l’idée que le CV des requérants.
En quoi ce projet est-il important pour vous ?
Très sincèrement, ce projet représente énormément pour moi. C’est le premier financement de cette ampleur (avec salaire) que j’obtiens en mon nom propre. Et d’un point de vue scientifique, c’est le premier projet qui (finalement après 5 ans !) unifie les différents aspects de ma thèse devenue, par sérendipité, très bipartite après quelques mois seulement… Ce pas important, franchi pendant l’écriture de ce projet a priori « petit » puisque seulement pour un an, me permet aujourd’hui de dessiner les contours de mon projet de recherche à long terme.
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