Thèse soutenue par Loïc Leray, le 28 juin 2019, Institut des dynamiques de la surface terrestre (IDYST)
A l’heure actuelle, les consommateurs se retrouvent au cœur des principaux enjeux environnementaux que sont le changement climatique et la dégradation des ressources naturelles. Cette position centrale repose sur une idée apparemment simple et logique : si l’on informe les consommateurs des effets de leurs comportements sur l’environnement, ces derniers seront capables de les modifier et d’adopter des modes de vie plus durables. Nous assistons donc à une forme d’individualisation et de privatisation de la responsabilité écologique qui peine à se traduire en progrès significatifs.
Certes, la transition vers une consommation moins gourmande en ressources et moins polluante requiert des changements de comportement. Néanmoins, cette transition implique également de comprendre comment les contextes socioculturels, économiques et technologiques dans lesquels nous vivons participent à ces comportements et façonnent notre manière de consommer. Par ailleurs, la mesure des impacts environnementaux associés à différents modes de consommation est encore très générale et approximative, ce qui n’est pas sans conséquence si l’on espère définir et faciliter l’adoption de modes de vie durables et tenant compte des spécificités contextuels dans lesquels ils devront s’inscrire.
La présente thèse cherche donc à lever le voile sur cette « boîte noire » qu’est la consommation ordinaire au niveau des ménages, en prenant l’exemple de l’alimentation en Suisse romande. Pour ce faire, elle s’attelle à allier des outils de la sociologie (la Théorie des Pratiques Sociales) à ceux des sciences de l’ingénierie (l’Analyse de Flux de Matière et d’Energie) dans le but d’aboutir à une typologie relativement fine des différents profils de consommation alimentaire que l’on rencontre dans le contexte romand.
Le modèle et les méthodes que nous avons développés permettent de décrire et d’analyser la complexité de la consommation alimentaire, dans ses dimensions tant sociologique (qualitative) que biophysique (quantitative). Les résultats indiquent notamment que la notion de « choix individuels » n’a que peu de pertinence en matière de consommation.