La compréhension des conditions et de l’évolution des épisodes les plus chauds de nos paléoclimats terrestres reste assez lacunaire. L’information sur la réaction des écosystèmes continentaux à un grand épisode de serre, ici l’OAE2 (ou EAO2 – événement anoxique océanique Cénomanien-Turonien intervenu il y a ~94,5 millions d’années) fait défaut, malgré les enjeux que cela représente au niveau mondial.
Le premier – et à ce titre précieux – enregistrement palynologique sur cette période fait l’objet d’une publication dans les Communications de la revue Nature, issue des travaux de chercheurs de plusieurs Universités, dont principalement Hannover, Lausanne, Utrecht ; le Dr Adatte de l’ISTE (UNIL-FGSE) y a largement contribué pour le travail de terrain, pour l’analyse sédimentologique et pour nombre d’analyses qui ont servi de base à cette étude (étude de la matière organique, minéralogie, géochimie).
Une végétation diversifiée et résiliente
Cette recherche mène à conclure – à partir d’un enregistrement palynologique terrestre combiné à des données de température d’origine marine (TEX86) dans une section du bassin provençal sud en France (région de Cassis) – que, malgré des températures élevées (jusqu’à 38 °C selon les données TEX86), l’arrière-pays continental présentait durant cette période (~94,5 millions d’années) une végétation diversifiée, adaptée pour persister sous des températures élevées. C’est ce qui ressort de l’étude de cet épisode d’anoxie marine et de renouvellement biotique à l’échelle mondiale, qui s’est produit durant l’un des intervalles les plus chauds du Phanérozoïque.
Végétation de type savane durant le PCE
Plus précisément, une phase transitoire d’instabilité climatique et de refroidissement pendant l’OAE2, connue sous le nom de Plenus Cold Event (PCE/ECP), a été marquée par la prolifération d’une végétation ouverte de type savane riche en angiospermes sur l’étendue des écosystèmes forestiers à dominance conifère ; l’augmentation des premiers représentants du pollen de type Normapolles pendant l’ECP illustre bien la diffusion initiale de cet important groupe d’angiospermes et vient ainsi contribuer à la compréhension des réactions des écosystèmes à des situations de stress climatique.
Compte tenu des échelles de temps concernées, il faut relever que l’on ne peut directement transposer les processus d’adaptation relevés durant l’OAE2 à l’accélération actuelle du réchauffement climatique.
Référence bibliograhique
- Ulrich Heimhofer, Nina Wucherpfennig, Thierry Adatte, Stefan Schouten, Elke Schneebeli-Hermann, Silvia Gardin, Gerta Keller, Sarah Kentsch & Ariane Kujau, Vegetation response to exceptional global warmth during Oceanic Anoxic Event 2, Nature Communications volume 9, Article number: 3832 (2018)
DOI: 10.1038/s41467-018-06319-6