Dans l’émission En ligne directe de la RTS du 15 janvier, Dominique Bourg, (philosophe et professeur ordinaire à l’Institut de géographie et de durabilité de la FGSE) intervient sur la question des bénéfices éventuels du prix du pétrole actuel, très bas.
Le prix du baril de pétrole a perdu 55% de sa valeur en 6 mois. A l’heure actuelle, le baril se négocie à environ 45 dollars. Quelles sont les répercussions de ce prix en termes sociétaux et écologiques? Bien que cette tendance soit favorable aux ménages et aux entreprises européennes, le Prof. Bourg tient à mettre l’accent sur les conséquences de l’extrême volatilité du pétrole et des matières premières. En effet, la valeur du pétrole en tant que carburant ne reflète plus depuis bien longtemps sa valeur physique comme ressource naturelle. En un siècle, nos sociétés contemporaines ont utilisé la moitié des réserves de ressources fossiles à disposition (gaz, charbon et pétrole confondus), qui ont été constituées en 300 millions d’années (soit 3 millions de siècles).
Etant donné que le pétrole conventionnel ne peut plus satisfaire la demande mondiale, on se tourne de plus en plus vers les pétroles non conventionnels (comme ceux qui sont extraits de sables bitumineux au Canada ou les gaz de schistes), dont les réserves sont plus grandes, mais dont le coût carbone est 100 fois supérieur. En bref, une accélération radicale dans le mur de la catastrophe climatique.
Doit-on donc taxer davantage les énergies fossiles ? C’est ce que suggère le groupe des Verts libéraux suisses, à l’horizon d’une votation en mars 2015. L’idée est de taxer pour favoriser davantage une transition énergétique en invitant par la bande les consommateurs à se tourner vers le renouvelable.
Dominique Bourg est favorable à la taxation des énergies fossiles pour deux raisons étroitement liées. Premièrement, la taxation aurait pour avantage de stabiliser le coût du pétrole par rapport à sa volatilité actuelle. Or, dans les extrêmes, un baril à 100 dollars incite à investir dans les énergies fossiles, quelles qu’elles soient. En revanche, le contrôle du prix du pétrole faciliterait selon le Prof. Bourg une marge d’investissement plus grande au niveau mondial sur le long terme qui, au vu du paradigme économique actuel néo libéral, inciterait les investisseurs à chercher du profit ailleurs, et en l’occurrence, dans les énergies renouvelables, la transition étant un impératif non négociable. C’est donc là un paradoxe vertueux.
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