Thèse soutenue par Melody Stein Lavallez le 18 février 2011, Institut de géologie et paléontologie (IGP)
Au Crétacé (145 à 65 millions d’années), les plate-formes carbonatées, constituant la bordure peu profonde des océans, ont connu d’importantes perturbations parmi lesquelles figurent des événements anoxiques ayant affecté d’une manière globale les océans. Moins célèbres que ces derniers mais tout aussi important car s’agissant également d’un épisode globale, les couches inférieures à orbitolines (i.e. Membre de Rawil en Suisse) ont fait l’objet de cette étude.
Cette étude menée notamment en Suisse concerne la transition entre l’Urgonien (Barrémien supérieur) et le Membre de Rawil (Aptien inférieur, 125 Ma) qui est marquée par un important changement de production carbonatée. L’Urgonien se caractérise par des bancs massifs de calcaires à rudistes et coraux et forme dans le paysage des falaises abruptes typiques. Le Membre de Rawil se caractérise par des dépôts plus marneux, riche en orbitolines (foraminifères blabla) et affleure dans le paysage sous la forme d’un rentrant prononcé facilement reconnaissable.
Ce changement de production carbonatée est interprété comme la conséquence d’un apport accru d’éléments détritiques et de nutriments. Cet apport résulte d’un changement climatique vers des conditions plus humides ayant conduit à un lessivage continental ainsi qu’une élévation du niveau marin, le tout favorisant le développement d’organismes adaptés à ces conditions spéciales en particulier les orbitolines.
En domaine plus profond (ie au-delà des plates-formes carbonatées), de minces couches riches en matière organique (MO) font leur apparition dès le Barrémien supérieur sans toutefois perturber la composition isotopique du carbone (?13C), indiquant ainsi des conditions appauvries en oxygène uniquement locales. A la limite Barrémien-Aptien (l’équivalent temps de la transition Urgonien/Membre de Rawil), les couches riches en MO deviennent plus fréquentes et plus épaisses. Le contenu en carbone organique de ces niveaux augmentent progressivement en même temps que la concentration en éléments traces jusqu’au dernier enrichissement précédent le paroxysme, c’est-à-dire l’événement anoxique océanique 1a (OAE 1a) indiquant des conditions anoxiques globales.
traduisent par la prolifération d’orbitolines alors qu’en domaine profond, ils sont représentés par la succession de niveaux riches en MO. Ces modifications en domaine peu profond aussi bien que profond documentent probablement l’impact progressif d’un épisode volcanique majeur : la mise ne place du Plateau d’Ontong Java.