Thèse en géosciences de l’environnement, soutenue le 11 mai 2010 par Caroline Wilhem, rattachée à l’Institut de géologie et paléontologie (IGP) de la FGSE.
La vaste zone continentale des Altaïdes domine la partie Est de l’Asie Centrale, elle s’étend de la mer d’Aral jusqu’en Corée du Nord en passant par les immenses provinces chinoises du Xinjiang et de la Mongolie Intérieure. Au Nord, elle s’étend jusqu’au Lac Baïkal en Sibérie du Sud et occupe toute la partie Est du Kazakhstan. Aujourd’hui, son relief est principalement caractérisé les montagnes du Tianshan et de l’Altaï. C’est cette dernière, située au centre des Altaïdes, qui a donnée son nom à l’immense zone orogénique.
La zone continentale des Altaïdes a été principalement formée au cours du Paléozoïque, c’est-à-dire entre 600 et 250 millions d’années. La chaîne des Altaïdes entoure la partie Ouest et Sud du craton Sibérien qui est formé de roches beaucoup plus vielles, d’âge Précambrien. Avant la collision de l’Inde avec l’Eurasie, il y a 40 millions d’années, qui a engendré la formation de l’Himalaya, et a fortement participé à la croissance continentale de l’Asie, la marge du continent Asiatique se trouvait au Nord du Tibet. Les Altaïdes, comprises entre le vieux craton Sibérien et la jeune chaîne himalayenne, ont été formées bien avant l’accrétion de l’Inde par une succession d’événements orogéniques résultants de la collision de nombreux petits blocs. Il y a plus de 400 millions d’années, la région des Altaïdes ressemblait probablement à l’Océanie d’aujourd’hui, avec de nombreux petits océans et blocs émergés.
Selon la théorie de la tectonique des plaques, un orogène (c.-à-d. une chaîne de montagne) se forme suite à la fermeture d’un océan qui engendre la collision entre deux blocs continentaux, et ainsi un plissement intense des roches qui composaient l’océan disparu et ces marges. La théorie de la tectonique des plaques est basée sur le fait que la terre est formée de différentes plaques continentales et/ou océaniques qui bougent les unes par rapport aux autres. Les mouvements des plaques tectoniques sont liés à l’évolution des océans qui s’ouvrent (c.-à-d. expansion océanique) et se ferment (c.-à.-d. subduction) et engendrent une modification des limites de plaques. Ces dernières sont principalement les rides océaniques, les zones de subduction et les zones de collisions. Les limites de plaques ont constamment évolué au cours des temps géologiques et continueront d’évoluer dans le futur. L’évolution dynamique des limites de plaques peut-être transcrite sous forme de scenarios géodynamiques qui mettent en scène une suite d’événements géodynamiques cohérents.
Ces événements géodynamiques peuvent être déduits par l’étude des roches qui composent aujourd’hui la zone continentale des Altaïdes. Les études de terrain et des travaux de laboratoire, permettent d’identifier la nature, l’âge et ainsi l’origine des roches du continent actuel. Dans le but de reconstruire les plaques tectoniques disparues qui ont participé à la formation des Altaïdes, il a été nécessaire, dans un premier temps, de compiler les travaux élaborés dans les différentes régions des Altaïdes et d’en ressortir les données d’intérêt géodynamique. Différents types de données géologiques (p.ex. volcanisme, stratigraphie, paléontologie, géochronologie…) ont été utilisés, confrontés, corrélés et interprétés dans le but d’identifier les événements et scenarios géodynamiques impliqués dans la formation des Altaïdes. La modélisation de la tectonique des plaques à ensuite permis de contraindre, par les contraintes temporelles et spatiales qu’elle implique, les scénarios géodynamiques préalablement pensés et de proposer des cartes de reconstructions tectoniques des Altaïdes entre 600 et 300 millions d’années.