Vincent Fornerod

L’évolution de la maturité gymnasiale. Une enquête diagnostique à la lumière de la philosophie sociale d’Axel Honneth

Titulaire d’un Master en Lettres de l’Université de Lausanne et du Brevet d’aptitude à l’enseignement secondaire, Vincent Fornerod enseigne au gymnase depuis 1993. Il a entamé sa thèse de doctorat en 2015 à la suite d’observations ethnographiques effectuées pendant une année dans des écoles de Berlin et l’a réalisée, sous la direction du MER Olivier Voirol (Institut des sciences sociales), parallèlement à ses activités d’enseignant, de praticien formateur de stagiaires de la Haute école pédagogique Vaud et de président de la file cantonale de philosophie. Il l’a soutenue le 14 novembre 2024.

En s’inspirant de la méthode de la Théorie critique dont il se réclame, ce travail allie approche philosophique et recherche empirique pour enquêter sur l’évolution actuelle de la maturité gymnasiale. À l’aide de l’analyse du discours officiel produit par les autorités scolaires, de l’interprétation de certaines des principales doctrines pédagogiques de la modernité et de la démarche ethnographique (observations de terrain, entretiens compréhensifs), il met au jour les normes sur lesquelles le gymnase est fondé et que l’institution invoque pour justifier les réformes qu’elle entreprend.

Cette recherche s’intéresse ainsi d’une part à la manière dont celle-ci réinterprète, pour se les approprier, les principes fondamentaux de la pédagogie moderne (autonomie, esprit critique, épanouissement personnel, culture générale, responsabilité individuelle), et d’autre part aux moyens qu’elle mobilise pour les matérialiser, que ce soit dans la grille horaire, les plans d’études, les procédés didactiques ou les modalités de contrôle des apprentissages. Suivant la méthode de la « reconstruction normative » empruntée à la philosophie sociale d’Axel Honneth, cette enquête propose donc à la fois une explication et une évaluation des transformations en cours de l’École de maturité. Elle établit ainsi un diagnostic des « pathologies » que génère l’institution en tentant de concrétiser dans l’enseignement les exigences normatives que lui impose la société contemporaine. Elle montre en effet que les tensions qui travaillent le gymnase ne sont pas sans conséquences sur les interactions pédagogiques qui, se déroulant dans des contextes qui mutilent les bonnes pratiques que les réformes prétendent pourtant promouvoir, ne parviennent pas à réaliser pleinement les normes que revendique aujourd’hui le système d’éducation et de formation.