Santé mentale en Côte d’Ivoire : Expériences des parents et des enfants atteints d’un trouble neuro-développemental dans les départements de Ferkessédougou et de Korhogo
Salikou a obtenu une maîtrise en Bio-anthropologie à l’Université Félix Houphouët Boigny (UFHB) en Côte d’Ivoire. Il a ensuite poursuivi un Master en sciences sociales à l’Université de Lausanne (UNIL), bénéficiant d’une bourse de la Confédération Suisse. Après avoir terminé ce master, il s’est engagé dans un doctorat en sciences sociales à l’Université de Lausanne, sous la direction du Professeur Ilario Rossi (UNIL) et la co-direction du Professeur Drissa Koné (UFHB). Suite au décès de son directeur de thèse, le Professeur Mark Goodale (Institut des sciences sociales) a pris en charge la supervision de son travail de thèse. Salikou a soutenu sa thèse le 20 septembre 2024.
Ce travail de thèse explore les enjeux de la santé mentale chez les enfants et les adolescent-e-s, à travers une approche socio-anthropologique de la santé, de la maladie et de l’enfance. En Côte d’Ivoire, la prise en charge des troubles mentaux a longtemps été confiée aux familles et aux tradipraticiens, où ces affections sont interprétées et traitées selon les perspectives socio-culturelles. Toutefois, l’institutionnalisation progressive de la santé mentale a conduit à l’émergence de la pédopsychiatrie et d’un secteur médico-social qui s’intéressent aux enfants présentant des troubles neurodéveloppementaux, notamment l’autisme. Mon intérêt pour ces affections s’inscrit dans un contexte de changement de paradigme.
En s’appuyant sur les paroles des enfants, les récits des parents et les discours des expert-e-s, cette recherche décrit et analyse les conditions d’apparition des symptômes, les parcours diagnostiques et de soins, ainsi que les représentations et pratiques thérapeutiques mises en œuvre. L’étude approfondie de la maladie chez quatre enfants et adolescent-e-s montre que l’apparition des symptômes engage leurs familles dans un itinéraire thérapeutique long et complexe, marqué par la recherche d’aide au sein de trois principaux espaces de soins : la sphère familiale, les thérapies locales et le domaine biomédical. L’incapacité de ces différentes approches à traiter les déficiences psychologiques et motrices, malgré les traitements appliqués, affecte profondément les enfants et leurs familles sur les plans social, affectif, psychologique et matériel. Cette situation entraine les parents, notamment les mères dans une recherche incessante de guérison, animée par une culture de l’espoir.