Robert A. T. Avery

Proposing Ecological Andro-Dominance as a theoretical framework to understand opposition to radical pro-environmental social change

Robert A. T. Avery a démarré ses études de psychologie en 2015 à l’Université de Fribourg. Sa collaboration avec son directeur de mémoire Dr. Pascal Gygax le passionne pour la recherche et l’amène au Royaume-Uni, à Sussex, où il a obtenu un Master of Research auprès du Prof. Andy Field. De retour en Suisse, Robert a travaillé comme assistant diplômé dans le laboratoire de psychologie sociale de Lausanne et Genève. Il y a assuré d’une part l’assistanat des cours-séminaire de psychologie sociale au master SHS à l’EPFL, et d’autre part, il a rédigé sa thèse sur les enjeux d’andro-dominance écologique appliqués aux changements sociétaux qu’il a soutenue le 15 novembre 2024 sous la direction du Prof. Fabrizio Butera (Institut de psychologie).

Malgré la quasi-unanimité scientifique sur le changement climatique et les impacts environnementaux négatifs attribués à l’Anthropocène, les positions et les actions d’atténuation que les humains devraient adopter font toujours l’objet de débats ; et au cœur de ces débats se trouve la question de savoir quel changement, le cas échéant, est nécessaire. La littérature existante sur laquelle s’appuie le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) semble favoriser un changement radical pour éviter des conséquences catastrophiques liées au climat. En d’autres termes, ils préconisent des propositions de politiques qui impliqueraient des changements dans le paradigme social dominant.

Compte tenu de leur connotation radicale de ces changements, il semble important d’étudier la réaction des personnes à leurs égard. Les personnes ont tendance à s’attacher à ce qu’elles considèrent comme le statu quo sociétal, en particulier lorsque ce statu quo leur est favorable. Plus précisément, il semble y avoir une relation positive entre la préférence des personnes pour les groupes sociaux organisés hiérarchiquement (dominance sociale) et leur opposition aux changements pro-environnementaux et au pro-environnementalisme qui y est associé (croyances, attitudes, intentions comportementales et comportements effectifs et déclarés). En outre, la littérature récente a montré que cette relation se vérifiait également lorsque l’on considère la préférence des personnes pour une organisation hiérarchique entre la nature et les paysages (en bas), les animaux sauvages, les animaux domestiques et les humains (en haut), un concept appelé dominance écologique.

Ces préférences ne sont toutefois pas réparties de manière égale entre les hommes et les femmes, ce qui amène la présente thèse à faire valoir la nécessité d’en expliciter empiriquement et théoriquement les raisons. S’appuyant sur le principe de l’écoféminisme selon lequel les conséquences écologiques causées par la position dominante des humains sur leur environnement sont maintenues par la position dominante des hommes sur leur environnement, la présente thèsepropose l’andro-dominance écologique qui explique l’opposition au changement social pro-environnemental radical par une idéologie qui intègre les croyances sexuées interdépendantes des mythes hiérarchiques associés à la domination sociale et écologique, à la masculinité hégémonique et au pro-environnementalisme genré.

Cette proposition est développée dans un chapitre théorique introductif et étayée par cinq chapitres empiriques. Le premier chapitre contextualise et développe la proposition théorique de l’andro-dominance écologique, suivie de la présentation des caractéristiques que cette explication devrait posséder pour évaluer sa validité empirique et théorique. Les cinq chapitres empiriques suivants s’appuient ensuite les uns sur les autres. Le deuxième chapitre montre que les émotions des participants trahissent leur évaluation des changements pro-environnementaux comme une menace, et que les hommes ont tendance à les évaluer comme tel encore plus que les femmes. Le troisième chapitre qualifie cette menace de perte et fournit des preuves empiriques que les hommes perçoivent ce changement comme une menace plus importante que les femmes. Le quatrième chapitre montre comment cette menace peut être utile pour expliquer le fait que les hommes sont moins favorables à l’environnement et acceptent moins les propositions de mesures pro-environnementales que les femmes. Le cinquième chapitre montre que la dominance écologique explique une part unique de la variance (à côté de l’orientation de dominance sociale) dans les scores de pro-environnementalisme plus faibles des hommes par rapport aux femmes; et que la dominance écologique explique une partie de la relation entre la réaction de menace plus élevée des hommes par rapport aux femmes et l’association subséquente avec une acceptation plus faible des dites mesures. Enfin, le chapitre 6 montre que la réaction de menace plus élevée et le pro-environnementalisme plus faible des hommes peuvent s’expliquer par le fait qu’ils adhèrent davantage que les femmes aux croyances de la masculinité hégémonique.

En conclusion, cette thèse propose l’andro-dominance écologique qui souligne la nécessité de prendre en compte l’adhésion des hommes et des femmes aux idéologies et aux mythes fondés sur le genre concernant les hiérarchies sociales et écologiques pour expliquer l’opposition des hommes et des femmes aux changements sociaux pro-environnementaux radicaux et au pro-environnementalisme qui y est associé.