Le toucher comme amortisseur de stress ? Différences de genre dans les réponses au toucher d’un partenaire et d’une personne inconnue

Le toucher peut améliorer notre bien-être et réduire le stress, surtout lorsqu’il provient de quelqu’un que nous connaissons bien, comme un partenaire de couple. Cependant, les effets du toucher par des personnes inconnues sont moins clairs. Quelques rares études suggèrent que les réactions au toucher de personnes inconnues pourraient différer entre les hommes et les femmes. L’étude, menée par deux chercheuses du laboratoire CARLA de l’Institut de psychologie en collaboration avec les universités de Fribourg et Toronto*, a donc examiné comment le genre et la familiarité avec la personne qui nous touche affectent l’atténuation du stress.

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Les chercheuses ont recruté des couples hétérosexuels âgés de 18 à 40 ans. Les participant·es ont été stressé·es par le biais d’un faux retour d’échec à une tâche émotionnelle. Pendant cette tâche stressante, les participant·es recevaient un contact de leur partenaire, d’une personne inconnue ou pas de contact du tout. L’équipe de recherche a mesuré leur niveau de stress à partir de leurs sentiments autodéclarés et de la variabilité de la fréquence cardiaque (VFC, une mesure physiologique indicative du niveau de stress) avant et après la tâche.

Les résultats montrent que les femmes se sentaient moins stressées lorsqu’elles étaient touchées par leur partenaire par rapport à l’absence de contact mais, de manière surprenante, cela n’a pas été observé chez les hommes. Plus important encore, lorsqu’elles étaient touchées par une personne inconnue, les femmes ont signalé moins de stress subjectif, mais avaient un stress physiologique plus élevé (illustré par une VFC plus faible). Lorsque l’équipe de recherche a comparé les données au sein des genres, elle a vu que les hommes n’ont montré aucune différence dans le stress, qu’ils soient touchés par un partenaire ou un étranger. Les femmes, en revanche, avaient une VFC plus faible (plus de stress) lorsqu’elles étaient touchées par un étranger et une VFC plus élevée (moins de stress) lorsqu’elles étaient touchées par leur partenaire. Ces résultats suggèrent que les effets anti-stress du toucher dépendent du genre de la personne touchée et de sa relation avec la personne la touchant.

L’équipe de recherche a été particulièrement interpellée par le résultat démontrant que les femmes se sentaient moins stressées, mais présentaient plus de stress physiologique lorsqu’elles étaient touchées par une personne inconnue. Cela peut être dû à des facteurs sociaux, par exemple le fait que les femmes soient socialisées à montrer des émotions positives et à cacher les négatives, ou encore par le fait qu’elles soient plus exposées au harcèlement que les hommes. Ceci devrait être démontré plus spécifiquement dans de futures recherches.

L’étude démontre l’importance de mieux comprendre les expériences individuelles avec le toucher, d’investiguer plus précisément les significations sociales associées au toucher, et d’assurer un consentement approprié, en particulier dans les thérapies impliquant le toucher physique.

* Anik Debrot & Elise Dan-Glauser, Institut de psychologie de l’UNIL, Jennifer E. Stellar du Département de psychologie, Université de Toronto, et Petra L. Klumb, Département de psychologie, UNIFR.

Référence originale

Debrot, A., Stellar, J. E., Dan-Glauser, E., & Klumb, P. L. (2024). Touch as a stress buffer? Gender differences in subjective and physiological responses to partner and stranger touch. Journal of Nonverbal Behavior, 48(3), 345–364. https://doi.org/10.1007/s10919-024-00455-y

Anik Debrot et Elise Dan-Glauser, Institut de psychologie, membres du Laboratoire de régulation cognitive et affective (CARLA)