Robin Casse

Travailler dans la technique de spectacle : entre artification et rationalisation.
Ethnographie des métiers technico-artistiques en Suisse romande.

Après un master à l’EHESS et un premier projet de recherche sur les fins de carrière des musiciens, Robin Casse a été engagé en novembre 2018 dans le cadre du projet FNS « Consacrer les talents. Enquête sur les arts de la scène ». Sa recherche doctorale a eu pour objectif d’étudier la professionnalisation des métiers techniques du spectacle. Il a soutenu sa thèse le 4 septembre 2023 sous la co-direction de Marc Perrenoud et Pierre-Emmanuel Sorignet, Maîtres d’Enseignement et de Recherche à l’Institut de sciences sociales. Robin Casse travaille depuis comme chargé d’études à l’Université Grenoble-Alpes. Il continue en parallèle à mobiliser les données et analyses produites durant sa recherche doctorale dans le cadre de publications scientifiques ou de groupes de travaux.

Cette thèse questionne l’idée selon laquelle les métiers techniques du spectacle gagnent, grâce aux innovations technologiques, du pouvoir sur la production de spectacles vivants. Pour ce faire, elle propose d’analyser la professionnalisation en cours de ces métiers en Suisse romande pour montrer que ce processus participe à les stratifier.

Cette analyse repose sur une ethnographie mêlant 103 jours d’observations participantes, 68 entretiens semi-directifs auprès de 34 individus et la constitution d’un corpus documentaire concernant l’association professionnelle des métiers investigués en Romandie. Ces données visent à retranscrire la structure de l’espace de la technique de spectacle et analyser sa transformation sous l’effet des dynamiques contemporaines : innovations techniques, institutionnalisation et rationalisation du spectacle vivant et de la technique.

Pour atteindre cet objectif, cette recherche identifie d’abord les institutions et individus à l’origine de la professionnalisation des métiers investigués en Suisse romande et les outils qu’ils mobilisent pour obtenir le contrôle des critères de professionnalité permettant d’entrer dans ces métiers. En s’appuyant sur cinq cas d’étude, la thèse montre ensuite comment se divise le travail dans les équipes techniques de spectacle : quels postes composent les collectifs, quelles relations les lient entre eux et comment cette division peut varier en fonction des institutions. Enfin, par l’analyse des trajectoires des personnes interrogées, ce travail relate la sociogenèse des « vocations techniques », en montrant comment les trois dynamiques évoquées ci-dessus s’imbriquent avec les différentes caractéristiques des travailleur∙se∙s de la technique pour définir leurs chances objectives de mobilité au sein de l’espace des métiers techniques.

Cette recherche s’inscrit dans une sociologie de la stratification sociale dans les champs de production de biens symboliques, en étudiant comment les innovations technologiques et les transformations contemporaines de l’action publique participent aux inégalités qui caractérisent ces métiers techniques. Elle est ainsi une contribution à la sociologie du travail et des classes sociales, en analysant comment les trajectoires des individus sont « façonnées » par les transformations du monde du travail investi.