Sylvain Maechler

Accounting for Nature: Risk, Uncertainty, and the Global Political Economy of the Ecological Crisis

Sylvain Maechler est titulaire d’un Bachelor en Relations internationales et d’un Master en Sciences de l’environnement, tous deux réalisés à l’Université de Genève. Il a été Assistant diplômé à l’Institut d’études politiques (IEP) et a réalisé une thèse en Science politique sous la direction de Jean-Christophe Graz et la co-direction de Valérie Boisvert (GSE). Durant sa thèse, il a également été chercheur invité durant une année à l’Institut d’économie écologique de la Vienna University of Economics and Business grâce à une bourse FNS doc.mobility. Il est dès le 1er juin 2023 bénéficiaire d’une bourse FNS postdoc.mobility de deux ans qui le mènera à la l’Université Goethe de Francfort et à l’Université d’Ottawa.

La nature contribue au bien-être économique. Pourtant, elle n’est que rarement reconnue comme telle car elle n’apparaît pas dans les transactions marchandes. Tel est le discours qui sous-tend la proposition d’intégrer la nature dans la comptabilité. Les études existantes traitent généralement de la comptabilité de la nature comme s’il s’agissait d’une pratique établie. Elles la considèrent soit comme une étape dangereuse vers la marchandisation de la nature, soit comme un moyen pragmatique d’inclure l’environnement dans les calculs et décisions économiques.

Plutôt que d’examiner ce que la comptabilité de la nature pourrait faire, cette thèse étudie les différentes façons dont elle est concrètement discutée et développée, s’appuyant sur des données qualitatives comprenant des observations, y compris participantes, des entretiens, ainsi qu’une analyse documentaire. En utilisant une approche d’économie politique globale de l’environnement, la thèse examine comment le projet « comptabiliser la nature » a émergé au début des années 1980, a été largement diffusé dans les années 2010, et est maintenu et transformé aujourd’hui par de nouveaux acteurs, notamment les normalisateurs comptables financiers.

La thèse montre que la comptabilité de la nature vise théoriquement à transformer l’incertitude de la crise écologique en un ensemble de risques quantifiés et gérables. Cependant, la comptabilité de la nature n’a jamais été mise en œuvre sous la forme ou à l’échelle escomptée et n’a pas été en mesure de gérer les risques de la crise écologique. Malgré cela, la thèse soutient que les effets de la comptabilité restent nombreux et importants, renforçant notamment le pouvoir de la finance dans la politique globale de la crise écologique, ou générant un système de discours et de connaissances qui subvertit toutes les stratégies de sortie de crise en pratiques comptables et d’évaluation monétaire, invisibilisant ainsi nombre d’autres solutions possibles.