Anaïd Lindemann

How Muslims experience and report discrimination. A multi-method approach

Anaïd Lindemann est docteure en sciences sociales, spécialisée en sociologie des religions. Sa thèse de doctorat, dirigée par le Professeur Jörg Stolz et défendue en novembre 2022, porte sur la discrimination à l’égard des musulman·e·s. Ses recherches combinent des analyses de données quantitatives (données d’enquêtes statistiques) et qualitatives (entretiens d’expert·e·s). Elle a par ailleurs travaillé dans le domaine des droits humains (Amnesty International), de l’intégration des populations migrantes (Bureau cantonal pour l’intégration des étrangers et la prévention du racisme), de la lutte contre les discriminations (dispositif Aide|UNIL) et de la reconnaissance des minorités religieuses (Commission Consultative en Matière Religieuse du canton de Vaud).

En Suisse, toute discrimination publique sur la base de l’appartenance religieuse est formellement interdite par le code pénal depuis 1994. Pourtant, trois musulman·e·s sur dix estiment avoir été victime de discrimination durant l’année écoulée, une proportion similaire à celle d’autres pays européens. Cet écart entre un principe d’égalité et une expérience répandue de la discrimination de la part d’un groupe minoritaire est un défi pour l’Europe occidentale, marquée comme elle l’est par une diversité religieuse et ethnique croissante.

Cette thèse de doctorat est une enquête sociologique sur l’étendue et la nature de la discrimination à l’encontre des musulman·e·s à l’échelle nationale, et répond aux questions suivantes : Les personnes musulmanes sont-elles désavantagées sur le marché du travail en Suisse et, si tel est le cas, ce désavantage peut-il être attribué à une discrimination ethno-religieuse ? Dans quelle mesure les musulman·e·s perçoivent-ils·elles la discrimination ? Quel type de discrimination les femmes musulmanes qui portent le hijab subissent-elles, et pourquoi ? Enfin, lorsque la discrimination est perçue, dans quelle mesure les personnes musulmanes la signalent-elles par rapport à une autre minorité religieuse, et comment expliquer d’éventuelles différences entre les deux groupes minoritaires ?

Mobilisant différents cadres théoriques (principalement les théories de l’attribution, du capital humain, de l’intersectionnalité et du choice-environment) et s’appuyant sur divers jeux de données (enquêtes et recensements de population, corpus d’entretiens qualitatifs, recueil de cas auto-déclarés, recueil de cas juridiques), les études menées fournissent des résultats qui peuvent être utiles tant sur le plan académique que sur le plan pratique. Leurs résultats contribuent non seulement à la littérature existante sur la discrimination, mais peuvent également informer les politiques de lutte contre la discrimination, envers les musulman·e·s ou, plus généralement, envers les minorités ethno-religieuses.