Aurélie Chopard-dit-Jean

Parler de la mort en d’établissements médico-sociaux (EMS) et en établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes : vers une compréhension psychologique du rapport à la vie et à la mort des résident·e·s

Diplômée d’un Master en psychologie et d’un Master en sociologie « Vieillissement et société » de l’Université de Franche-Comté, Aurélie Chopard-dit-Jean a réalisé son Doctorat de psychologie en cotutelle entre l’Université de Lausanne et l’Université de Franche-Comté. Elle a soutenu sa thèse le 14 décembre 2022 sous la co-direction du Prof. Dario Spini (Institut des sciences sociales) et Magali Bonnet, Maître de Conférences à l’Université Bourgogne Franche-Comté, à Besançon.

Mobilisant des concepts en psychologie sociale et en psychologie clinique, cette thèse propose une compréhension psychologique du rapport à la vie et la mort des résident·e·s d’EHPAD en France et d’EMS en Suisse. Une première étude (N=18) avait pour objectif d’évaluer, grâce à l’attachement, si la demande de mort des résident·e·s était une demande d’aide et si elle était liée à l’entrée en établissement. La seconde (N=18) visait le même objectif sans se focaliser uniquement sur le moment de l’entrée. Des entretiens semi-directifs et une échelle évaluant l’attachement ont été réalisés avec les résident×e×s.

Lorsque les résident·e·s parlent de leur demande de mort et de leur entrée en établissement, ils×elles parlent surtout de leur expérience de la vieillesse, de la dépendance et de la mort et des enjeux physiques, spirituels, identitaires, sociaux et psychiques qu’elle suscite. La demande de mort peut traduire une difficulté à vivre et élaborer psychiquement ces enjeux. Les résultats montrent un important évitement d’intimité chez les résident·e·s : ils·elles vivent douloureusement la situation de dépendance à autrui et ne sollicitent pas d’aide pour verbaliser et prendre conscience de ce qui leur est difficile à vivre. Ce défaut d’élaboration peut conduire à une détresse psychique qui se traduit par une demande de mort. La recherche apporte un espace de contenance aux résident·e·s, à leurs proches mais aussi aux professionnel·le·s, pour élaborer et ainsi prendre conscience des enjeux liés à la vieillesse, la dépendance et la mort.

En conclusion, la thèse souligne le rôle essentiel des psychologues et des espaces de pensée en institution gériatrique pour accompagner les résident·e·s, leurs proches et les professionnel·le·s, en proposant des entretiens individuels, des groupes de parole ou à médiation aux résident·e·s et leurs proches, et des groupes d’analyse de la pratique pour les professionnel·le·s.