Faire carrière dans le powerchair hockey : Formation et transformation des parcours de vie de personnes ayant des in/capacités physiques “sévères”
Laurent Paccaud est titulaire d’un Master en Sciences sociales et sport. Il a commencé sa thèse de doctorat en Sciences du mouvement et du sport en août 2015 au sein de l’Institut des sciences du sport (ISSUL), sous la direction de la Professeure Anne Marcellini. Laurent Paccaud est membre du Centre de recherche sur les parcours de vie et les inégalités (LINES). Ses recherches, à l’intersection d’une sociologie du sport, du handicap et du genre, portent sur les parcours de vie des personnes handicapées.
Ce travail s’intéresse aux usages des pratiques sportives dans les vies des personnes ayant des in/capacités physiques “sévères”. Il analyse les expériences que font ces personnes dans le cadre de l’unihockey en fauteuil électrique afin de comprendre comment l’engagement dans une pratique sportive collective en fauteuil électrique forme et transforme leurs parcours de vie. L’enquête s’appuie sur une ethnographie du powerchair hockey en Suisse francophone et germanophone. Différents outils ont été mobilisés pour le recueil des données ; observations participantes, entretiens de type “récit de vie”, entretiens par photo-elicitation, archives.
Les résultats montrent que le powerchair hockey est le seul sport collectif structuré à l’échelle nationale qui est accessible aux utilisateur·trices de fauteuil électrique. Une majorité des joueur·euses vivent avec une maladie neuromusculaire évolutive. Le powerchair hockey est un espace social à l’intersection de deux mondes sociaux dont il conjugue les idiomes de participation : “le monde des valides” et “le monde du handicap”.
Faire carrière dans le powerchair hockey forme et transforme les parcours de vie des personnes ayant des in/capacités physiques “sévères” en produisant les conditions pour: (1) une circulation facilitée entre le “monde des valides” et le “monde du handicap”; (2) une socialisation de conversion vers “l’handi-capabilité”; (3) l’incorporation d’une disposition à la mobilité; (4) la diversification des sphères de vie et des réseaux d’interdépendances; (5) une inscription dans une histoire collective et des liens de filiation.
Cet engagement apparait comme une bifurcation par rapport au parcours de vie initialement prévu par l’Assurance invalidité : une sortie du rôle social d’“invalide” auxquels ils·elles sont assigné·es, pour une revendication de l’identité sportive. La carrière sportive se révèle donc comme une modalité d’émancipation à l’égard de scripts sociaux surdéterminés par la gestion institutionnelle des destins biologiques des personnes qui vivent avec des in/capacités physiques “sévères”.