Amaelle Gavin

Professionnel·le·s et enfants de résident·e·s face à la sexualité des personnes âgées en Établissement Médico-Social en Suisse

Actuellement chargée de recherche et de projet en psychiatre de liaison au CHUV, Amaelle Gavin s’est rapidement profilée dans la recherche, domaine dans lequel elle fait ses débuts en 2012 en tant qu’assistante-étudiante, avant l’obtention de son master en psychologie en 2013. En 2015, Après différents engagements en clinique et en recherche, elle entame son doctorat en tant qu’assistante à l’UNIL. En juillet 2021, elle a soutenu sa thèse portant sur la sexualité des personnes âgées en institution.

Dans la littérature récente, l’existence d’une sexualité chez les personnes âgées en institution est généralement reconnue. Les études empiriques relèvent toutefois que les professionnels ont des réactions et des modes de gestion hétérogènes, ambivalentes ou contradictoires lorsqu’ils sont confrontés à ces situations. En guise de réponse, l’implication des familles dans la gestion est fréquemment recommandée. Or, les raisons de cette implication et ses conséquences sont peu investiguées.

Cette étude a deux objectifs : premièrement, améliorer la compréhension des enjeux de l’implication des familles. Deuxièmement, identifier les différentes représentations et gestions de l’intimité, de l’affectivité et de la sexualité des résidents. Pour ce faire, nous avons rencontré des professionnels et des enfants de résident, issus de trois établissements médico-sociaux (EMS) de Suisse romande, lors d’entretiens semi-structurés et de groupes focalisés.

Nos résultats montrent que l’intimité et l’affectivité des résidents sont bien accueillies et valorisées dans les EMS. La sexualité rencontre plus d’oppositions dans nos deux populations, avec des différences entre idéaux et réalités du terrain, notamment lors d’une incapacité de discernement des résidents. Trois axes principaux se dessinent : une volonté de protéger les résidents et le cadre institutionnel ; un processus de désexualisation, entendu comme un mode défensif ; et une co-construction entre nos deux populations de ce que signifie la sexualité en EMS. L’implication des familles s’inscrit dans ces trois axes et constitue un mode de gestion privilégié des professionnels, notamment pour éviter le choc aux familles, se protéger et se rassurer.

Cette recherche souligne en particulier l’importance des représentations et des mouvements de chacun face à la sexualité — des résidents —, au sein d’institutions caractérisées par une organisation singulière de la sexualité. Nous proposons notamment de repenser la formation continue des professionnels, de questionner certaines logiques institutionnelles et d’intégrer davantage les résidents dans les réflexions et les démarches.