Mathilde Bostelmann

Spatial memory profiles in Williams and Down syndromes

Après un Master en psychologie et un MAS en neuropsychologie clinique de l’Université de Genève, Mathilde Bostelmann a travaillé deux ans en tant que neuropsychologue en milieu hospitalier. Elle s’est ensuite spécialisée dans le domaine des troubles du neurodéveloppement. Ses recherches visent à caractériser les différents profils cognitifs propres à chaque syndrome comme le syndrome de Williams, de Down ou de la microdélétion 22q11, dans le but d’améliorer la prise en charge des personnes atteintes de ces syndromes. Mathilde Bostelmann a soutenu sa thèse le 20 avril 2021 sous la direction du Prof. Pierre Lavenex et la co-supervision de la Prof. Pamela Banta Lavenex.

Le syndrome de Williams (SW) et le syndrome de Down (SD, Trisomie 21) sont deux troubles neurodéveloppementaux ayant une origine génétique. Malgré le fait que les personnes avec ces deux syndromes ont des âges mentaux similaires, ils présentent des profils cognitifs hétérogènes avec des forces et des faiblesses, en particulier concernant leurs capacités de mémoire spatiale. Quand des individus apprennent et mémorisent des emplacements en se déplaçant dans un environnement, ils peuvent utiliser plusieurs types de représentations spatiales, incluant : 1) le système d’apprentissage de lieu, responsable de la création de représentations spatiales allocentrées ou cartes cognitives; 2) le système d’apprentissage de réponse, responsable de la création de réponses égocentrées fixes.

Étonnamment, peu d’études publiées ont satisfait aux exigences requises pour déterminer si les capacités spatiales allocentrées ou égocentrées étaient préservées ou déficitaires chez les personnes avec SW et SD. Dans cette thèse, j’ai réalisé une série d’expériences dans lesquelles les participant·es pouvaient se déplacer librement et utiliser des représentations spatiales allocentrées ou égocentrées afin d’apprendre et de mémoriser l’emplacement de buts dans un environnement réel.

Mes études ont révélé une dissociation entre les capacités de mémoire spatiale allocentrée et égocentrée chez les personnes avec SW et SD. Alors que les personnes avec SW sont sévèrement déficitaires dans deux tâches différentes testant la mémoire spatiale allocentrée, elles ont démontré une performance facilitée dans une tâche d’apprentissage de réponse égocentrée, par rapport à des enfants au développement typique. En revanche, les personnes avec SD ont montré des capacités de mémoire allocentrée préservées par rapport aux personnes avec SW, et des capacités d’apprentissage de réponse facilitées par rapport à des enfants au développement typique.

Mes études soulignent que les profils de capacités cognitives spatiales propres à chaque syndrome doivent être pris en considération pour établir des interventions éducatives ayant pour but l’amélioration des capacités de navigation spatiale chez des individus présentant des handicaps intellectuels qui peuvent mener à une augmentation de l’autonomie, de la confiance en soi et de l’inclusion sociale.