Camilla Gaiaschi

Lauréate d’une très prestigieuse bourse Marie Sklodowska-Curie, Camilla Gaiaschi vient de rejoindre l’équipe de la Prof. Steinmetz pour mener à bien son projet de recherche WIRED “Women In Research and higher Education”. Toutes nos félicitations à Mme Gaiaschi pour cette distinction !

Quelles sont les étapes significatives de votre parcours de chercheuse ?
J’ai une formation en philosophie et un doctorat en sociologie, avec une thèse sur les inégalités entre hommes et femmes dans la profession médicale. Pendant mes quatre ans de postdoc à l’Université de Milan, j’ai continué à m’intéresser aux inégalités de genre dans le domaine du travail et des carrières scientifiques ainsi qu’à l’analyse des systèmes de welfare en perspective genre. J’ai aussi eu l’occasion de faire plusieurs séjours de recherche à l’étranger, notamment à l’Université de KU Leuven, à l’Université de Manchester, à la Northeastern University de Boston et à l’Université d’Amsterdam, où j’ai rencontré Stephanie Steinmetz qui est aujourd’hui ma superviseuse à l’UNIL. Tout récemment, j’ai eu un financement pour un projet sur la médecine de genre, que je dirige au sein du Centre de recherche “Gender & Equality in Research and Science” de l’Université de Milan (UNIMI). C’est la raison pour laquelle j’ai choisi de travailler à 80% sur ma recherche Marie Curie à UNIL. Je pourrai ainsi continuer à coordonner en même temps le projet milanais.

Dans le cadre de votre carrière, que représente pour vous l’obtention d’une bourse Marie Sklodowska-Curie?
La possibilité d’accroître mon expertise et mes connaissances. Dans mes recherches, j’ai toujours travaillé avec des données d’observation et des analyses transversales. Dans le cadre du projet Marie Curie, je vais travailler pour la première fois avec des données longitudinales, dans la première partie de la recherche, et expérimentales, dans la deuxième. Je viens actuellement de terminer la revue de la littérature et j’ai hâte de commencer la partie empirique du projet pour me mesurer avec ces nouvelles techniques.

En quoi consiste le projet que vous réaliserez sous la supervision de la Prof. Steinmetz?
WIRED “Women In Research and higher Education” a pour but d’explorer les inégalités de genre dans les trajectoires de carrières académiques: le projet offre un compte rendu exhaustif des raisons et des mécanismes liés au fait que le femmes sont désavantagées dans la progression de carrière et/ou qu’elles abandonnent à la carrière académique. A cet effet, je vais comparer l’Italie et la Suisse, deux pays qui sont très différents au niveau de la structure du marché du travail tant académique que non-académique. En particulier, au niveau du design de recherche, deux étapes sont prévues. Premièrement, des micro-données administratives longitudinales seront fournies par le Ministère de l’Education, de l’Université et de la Recherche italien (Ministero dell’Istruzione, dell’Università e della Ricerca, MIUR) ainsi que par l’Office fédéral de la statistique (OFS) en Suisse. Elles seront enrichies par des données additionnelles, à la fois individuelles et organisationnelles, récoltées par l’exploration de données web Deuxièmement, un design de recherche expérimental, basé sur une “factorial survey”, sera mis en œuvre dans le cadre d’un séjour de recherche qui aura lieu à l’European University Institute de Florence. A cet effet, des professeur-e-s d’institutions et de domaines scientifiques sélectionnés seront invité-e-s à évaluer de profiles hypothétiques de candidat-e-s potentiel-e-s afin de tester l’existence de biais de genre dans le cadre des processus de sélection.

Pourquoi mener cette recherche à la Faculté des SSP de l’UNIL ?
Le but de cette bourse Marie Curie est celui d’accroître mes compétences méthodologiques et, dans  ce cadre, Stéphanie Steinmetz est pour moi la superviseuse idéale. De plus, la Faculté des SSP englobe plusieurs centres des recherches (comme le LINES et le CEG) qui disposent des compétences théoriques et méthodologiques nécessaires à la réalisation de mon projet. L’UNIL a par ailleurs été partenaire de projet européen GARCIA, qui s’est focalisé sur le genre et la précarité dans l’académie et qui a profondément inspiré l’écriture de ma recherche. Je trouve que j’ai beaucoup de chance de pouvoir me confronter à un si grand nombre de collègues que j’estime et dont je connais les travaux.

Quelles difficultés éprouvez-vous dans le travail de recherche?
La conscience des mécanismes – visibles et invisibles – qui sont à la base des trajectoires des carrières universitaires. Les inégalités de chances, que j’étudie mais que je vois et vis aussi: cela est frustrant parfois. La précarité de l’emploi et l’augmentation du travail administratif et de gestion, qui pèse sur le temps consacré à la recherche.

Quels sont les talents cachés qui vous aident à surmonter ces difficultés ?
La curiosité, l’acharnement, l’amour pour le savoir, je crois, l’envie d’expérimenter.

Qui serez-vous dans 10 ans ?
J’espère professeure associée en Italie.