Eisner Léïla

Social Change and Perceived Societal Norms: An Application to Sexual Minorities in Switzerland

Après un Bachelor en science politique et un Master en Méthodologie d’enquête et opinion publique, Léïla Eisner a réalisé une thèse en psychologie sociale à l’Université de Lausanne sous la direction de Dario Spini. Elle a soutenu sa thèse le 22 juin 2020. Pendant son parcours, elle a aussi été chercheuse invitée à Washington University et Oregon State University. Dans ses recherches, menées principalement dans le milieu LGBTIQ+, Léïla étudie les relations intergroupes et la discrimination. Elle s’intéresse particulièrement aux normes sociales et à leur impact sur le processus de changement social.

Lorsque nous décidons d’exprimer notre opinion, révéler un statut de groupe (minoritaire), ou réagir à des inégalités sociétales, nous considérons souvent l’opinion des autres. D’où viennent ces perceptions de l’opinion des autres et dans quelle mesure influencent-elles notre expression, notre appartenance sociale, et surtout notre soutien pour le changement social ? Que se passe-t-il si nos perceptions sont inexactes ? Cette thèse essaie de répondre à ces questions en se basant sur différentes populations suisses (i.e., population générale, étudiant·e·x·s, et membres de minorités sexuelles) et divers plans de recherche (i.e., quasi-représentatif, expérimentation naturelle, et enquête à grande échelle sur les minorités sexuelles).

Dans l’ensemble, les résultats (1ère étude, N=743) indiquent que les personnes ont une perception incorrecte de l’opinion des autres (ignorance pluraliste) en période de changement social et pour des enjeux débattus. En particulier, les individus ont tendance à surestimer le degré d’intolérance envers l’homoparentalité féminine (et d’autres enjeux liés aux minorités sexuelles) en Suisse. Les résultats (2ème étude, N=437) indiquent aussi que ces perceptions de l’opinion des autres peuvent être modifiées lorsque l’on informe les individus d’une nouvelle loi. Ainsi, des étudiant·e·x·s universitaires perçoivent moins d’intolérance en Suisse envers les minorités sexuelles, après avoir été informé·e·x·s d’une nouvelle loi sur l’adoption de l’enfant du conjoint dans un couple de même sexe. Finalement, les résultats de la troisième étude (N=1’220) indiquent que ces perceptions d’une norme intolérante (c’est-à-dire, opinions des autres) en Suisse peuvent avoir un effet contradictoire sur l’engagement des minorités sexuelles. Percevoir une norme intolérante semble motiver et démotiver les membres des minorités sexuelles à s’engager pour demander plus de droits. Les résultats présentés dans cette thèse ont des implications pratiques importantes tout autant pour les membres de minorités sexuelles, que les politicien·ne·x·s et les militant·e·x·s dans leur effort pour lutter contre les inégalités sociales.