Andrade Tatiana

Corriger les inégalités d’accès à l’enseignement supérieur au Brésil ? L’action affirmative entre politiques institutionnelles et usages familiaux, le cas de l’Unicamp

Après un diplôme en Ingénierie agroalimentaire à l’Université de Campinas (Unicamp) et un Master en Science alimentaire dans la même institution, Tatiana Andrade a été maître-assistant à l’Université Paulista (2003-2010). En 2009, elle a obtenu une Licence en Lettres à l’Unicamp. Aujourd’hui elle travaille en tant qu’enseignante de langue portugaise et d’espagnol et a soutenu sa thèse le 25 novembre 2020 sous la direction de la Prof. Gaële Goastellec.

L’accès à l’enseignement supérieur au Brésil constitue, au début du XXIe siècle, un enjeu social important. Les fortes inégalités qui le caractérisent sont le produit à la fois d’un long processus de construction du système scolaire comme quasi-marché et de l’intégration différenciée des différents groupes ethniques dans l’organisation sociale et scolaire.

Pour rendre compte de la construction des inégalités d’accès dans le pays et des effets des politiques compensatoires, cette thèse part d’un approche socio-historique pour ensuite étudier le cas de l’Université de Campinas (Unicamp), l’une des plus prestigieuses universités brésiliennes, en analysant les effets de deux politiques d’action affirmative mises en œuvre par l’institution, le « Programme d’action affirmative et d’inclusion sociale » (PAAIS) et le « Programme de formation interdisciplinaire supérieur » (ProFIS).

Dans un pays marqué par de fortes inégalités économiques, un système scolaire fondé sur le libre choix des écoles par les familles, un secteur privé important et une forte différentiation des institutions d’enseignement secondaire, contribue à l’accroissement des inégalités de parcours scolaires ; ce qui, associé au caractère méritocratique de l’accès à l’enseignement supérieur conduit à une très forte sous-représentation supérieur, et partant, à l’exclusion, de certains groupes sociaux.

Les analyses montrent que, même après la mise en œuvre des politiques compensatoires par l’Unicamp, l’origine sociale de l’étudiant – et notamment le niveau de scolarisation des parents. – détermine l’accès à l’enseignement supérieur. Toutefois, les critères de participation peuvent atténuer l’effet de l’origine sociale sur l’accès :  le cas du ProFIS l’illustre, qui, en garantissant une place par école de la ville de Campinas, a promu une diversité sociale et ethno-raciale plus marquée. En revanche, une politique focalisée sur le type d’institution d’enseignement secondaire fréquentée par l’étudiant, comme le PAAIS, ne corrige que partiellement les inégalités car elle permet la mise en place de stratégies par les familles détentrices de ressources culturelles et économiques pour garantir une formation de meilleure qualité à leurs enfants tout en profitant des politiques d’action affirmative.