Stephanie Steinmetz

Depuis le 1er janvier 2019, Madame Stephanie Steinmetz est professeure associée de stratification sociale à l’Institut des sciences sociales (ISS), où elle collabore étroitement avec la Fondation pour la recherche en sciences sociales (FORS) et le Pôle de recherche national LIVES.

Quel est le parcours qui vous a amenée à devenir chercheuse ?

Dès le début de mes études en sciences sociales à Mannheim, en Allemagne, je me suis particulièrement intéressée aux processus de stratification sociale. Suite à cet intérêt, j’ai effectué plusieurs stages au bureau de l’égalité entre femmes et hommes de la ville de Mannheim. Je me suis également rendue au Pakistan pour réaliser mon premier projet de recherche sur la situation des femmes dans la zone rurale du Panjab. Après avoir terminé mes études, j’ai postulé pour plusieurs emplois, y compris des postes à l’extérieur du milieu universitaire. Mais quand j’ai eu l’opportunité de travailler dans le cadre d’un projet financé par l’UE sur l’emploi des femmes en Europe à l’Université d’Erlangen-Nuremberg, le travail universitaire m’a tellement fasciné que j’ai commencé un doctorat. Je me suis rendue compte qu’en tant que chercheuse, j’ai la liberté d’examiner les phénomènes sociaux de manière plus approfondie, selon ma propre évaluation des aspects pertinents et intéressants, dans un environnement intellectuellement stimulant.

Votre domaine de recherche en une phrase ?

Je m’intéresse à la manière dont les principales dimensions de la stratification sociale, telles que le genre, l’ethnicité, la classe sociale et la sexualité – mais aussi leurs intersections – façonnent les inégalités au cours de la vie et entre les sociétés, par exemple dans le domaine de l’éducation et sur le marché du travail.

Pourquoi ce domaine de recherche en particulier ?

Dès le début de mes études, j’ai cherché à mieux comprendre comment les inégalités entre les sexes peuvent s’expliquer au sein des sociétés et entre elles. Pour moi, il était fascinant de constater que, même après des années de mouvements féministes, les femmes ont encore connu de graves inégalités dans tous les domaines de la vie. Par conséquent, je voulais savoir ce qui pouvait être fait au niveau politique pour améliorer l’égalité des sexes dans divers domaines de la société. Au fil des ans, cette curiosité s’est étendue à différents domaines, tels que le système éducatif et le marché du travail. Mes recherches ont également porté sur différents groupes vulnérables, notamment les migrant·e·s et les minorités sexuelles.

Pourquoi mener cette recherche à la Faculté des SSP de l’UNIL ?

Quand j’ai vu l’offre d’emploi à la Faculté des sciences sociales et politiques, j’ai su que je devais postuler car elle regroupait mes principaux intérêts de recherche. De plus, l’Institut des sciences sociales offre une atmosphère particulièrement stimulante pour la recherche. Je peux combiner mon engagement dans les unités de recherche avec les activités de la Fondation pour la recherche en sciences sociales (FORS) et celles du Pôle de recherche national LIVES. Je peux difficilement trouver un environnement de recherche meilleur et plus innovant.

Qu’attendez-vous de vos recherches ?

Mon but premier est de me mettre au défi sur le plan théorique et/ou méthodologique et de contribuer au développement de la recherche sur la stratification sociale en tant que discipline. Toutefois, dans un cas idéal, mes recherches ont également une pertinence sociétale dont les décideurs et les parties prenantes peuvent bénéficier.

Quelles difficultés éprouvez-vous dans le travail de recherche ?

L’un des plus grands défis est la disponibilité de données de haute qualité qui répondent à tous vos besoins en tant que chercheur. Ces dernières années, cette situation s’est améliorée grâce à l’accès aux données administratives et à la possibilité de relier les différentes sources de données existantes disponibles dans les offices statistiques. Mais le défi des données demeure lorsqu’il s’agit d’effectuer des comparaisons entre les pays. De plus, les exigences en matière de recherche innovante et originale – tant en termes d’hypothèses testées que de modèles appliqués – se sont accrues. Ce développement est à la fois passionnant et stimulant.

Quels sont les talents cachés qui vous aident à surmonter ces difficultés ?

Rester curieuse et ouverte aux nouveaux débats et méthodes scientifiques, ainsi qu’à la volonté de voir la vie comme un processus d’apprentissage constant.

Qui serez-vous dans 10 ans ?

J’espère être encore la chercheuse curieuse et enthousiaste que je suis en ce moment.