Utilisation des informations de performance dans les municipalités suisses : une affaire de climat organisationnel et de coopération ?

Les collectivités publiques sont amenées à rendre des comptes aux citoyens-contribuables afin de justifier de l’utilisation des deniers publics. Pour ce faire, certaines d’entre elles ont développé des systèmes de gestion permettant de piloter étroitement les dépenses publiques en mesurant également les performances atteintes. Le Prof. David Giauque (IEPHI) vient d’obtenir un projet de recherche financé par le FNS afin de comprendre les différences de pratiques de gestion de la performance dans les municipalités suisses.

© Rawpixelimages | Dreamstime.com

Une obligation de transparence et « d’accountability »

Les organisations publiques, qu’elles soient fédérales, cantonales, ou encore municipales se trouvent dans une période de modernisation qui dure depuis maintenant au minimum une vingtaine d’années. Parmi les axes de ces modernisations managériales mentionnons l’importance prise par la mesure de l’efficience et de l’efficacité des prestations publiques. Afin de faire preuve de transparence et de responsabilité dans l’utilisation des deniers publics, les collectivités publiques déploient des systèmes de pilotage de leurs administrations visant à s’assurer que les prestations sont délivrées de manière économe (efficience productive), mais également qu’elles répondent aux besoins de la population (efficacité). Ce pilotage s’effectue par conséquent le plus souvent au moyen d’indicateurs et de tableaux de bord. Toutes les organisations, publiques ou privées, sont confrontées à la multiplication des indicateurs de gestion au point parfois que certains observateurs dénoncent le développement « d’usines à gaz » du controlling.

Une approche organisationnelle du pilotage municipal

Notre projet de recherche vise précisément à comprendre quels sont les facteurs qui mènent au développement de ces outils de pilotage au sein des municipalités suisses. Par ailleurs, il souhaite mieux connaître les raisons pour lesquelles certaines municipalités développent des instruments de mesure de la performance et les utilisent en vue de développer leurs stratégies, alors que d’autres mesurent la performance mais ne prennent pas en compte les résultats, ou encore ne mesurent rien. Pourquoi de telles différences ? Cette recherche souhaite, en particulier, focaliser l’attention sur les relations entre les principaux acteurs de la gouvernance municipale, à savoir les élus parlementaires, les magistrats membres des exécutifs et, finalement, les hauts fonctionnaires. En particulier, nous partons de l’hypothèse que le degré de confiance entre ces différents acteurs peut expliquer en partie le développement de ces outils de gestion permettant la mesure de la performance et leur utilisation pour orienter les décisions.

Au final, cette recherche va permettre d’identifier certains facteurs organisationnels et relationnels à la base du développement du pilotage municipal par les instruments de gestion ainsi que de leur éventuelle utilisation.


David Giauque, professeur associé, Institut d’études politiques, historiques et internationales (IEPHI).