Joanne Chassot

Madame Joanne Chassot a débuté le 1er février en tant que Chargée de projets égalité à 20% au décanat SSP. Nous lui souhaitons la bienvenue !

Dans votre nouveau poste à la Faculté des SSP, vous travaillez avec la Professeure Nicky Le Feuvre, vice-doyenne Relève et Egalité, dans la mise en œuvre et le suivi du plan d’action pour l’égalité entre les hommes et les femmes au sein de la Faculté. Quels sont vos missions principales ?

La Faculté des SSP a en effet élaboré un ambitieux plan d’action pour l’égalité pour la période 2017-2020, comprenant un grand nombre de mesures dont certaines restent à mettre en œuvre. Parmi celles-ci, je vais notamment travailler, en collaboration avec divers services et expert·e·s de la faculté, au recensement et à l’analyse des données sexuées concernant le personnel académique et administratif ainsi que le corps étudiant de SSP (par ex. dans les procédures de nomination et de promotion, dans l’attribution de financements ou de décharges, ou encore dans les filières et les cursus d’études), afin de mieux connaître les trajectoires d’études et de carrière et ainsi de pouvoir identifier les freins, obstacles ou mécanismes de différentiation pouvant mener à des inégalités. Il s’agira aussi de développer la communication auprès des instituts et des membres de la faculté concernant les mesures de promotion de l’égalité et de soutien aux carrières féminines, ainsi que de mettre sur pied les nouvelles mesures prévues (ateliers de développement de carrière, soutien aux parents, sensibilisation du personnel au langage épicène ou à la prévention du harcèlement, etc.). Du fait de mon autre poste de chargée de projet au Bureau de l’égalité (BEC), j’assurerai aussi la coordination entre les différents niveaux de politiques égalité, en faisant le lien entre la faculté de SSP et le BEC, ainsi qu’avec les autres facultés, qui ont chacune leur plan d’action propre.

Qu’appréciez-vous le plus dans ce nouvel environnement ?

J’ai plaisir à revenir dans une faculté où j’ai fait une partie de mes études et avec laquelle j’ai gardé de forts intérêts communs par mes thématiques de recherche, notamment en études genre. Je trouve aussi très intéressant de découvrir le fonctionnement et la politique de cette faculté, qui diffèrent finalement passablement de ce que j’ai connu à la Faculté des lettres, une faculté qu’on considère souvent comme proche de SSP.

Quels sont les projets et les nouvelles mesures qui sont en train d’être mis en place actuellement ?

La réflexion sur les obstacles et freins aux carrières académiques, en particulier féminines, est une préoccupation majeure du Décanat, qui a intégré dans sa politique et son budget la lutte contre les temps partiels subis, l’accompagnement vers la stabilisation et la promotion, et l’allégement du cahier des charges au retour de congés maternité, d’allaitement ou d’adoption.

Cette réflexion se mène aussi au niveau de la recherche produite et visibilisée dans la faculté. En septembre, un colloque organisé par le PRN LIVES en collaboration avec la faculté, la PlaGe et le Bureau de l’égalité (BEC) se proposera d’ « Interroger l’excellence » et l’impact de cette notion sur l’égalité des chances dans les carrières. Le colloque inclura notamment un atelier sur les biais de genre dans le recrutement professoral, atelier déjà proposé en 2017 par le BEC aux personnes impliquées dans les procédures de nomination.

Au niveau de l’UNIL, un nouveau programme de soutien aux postdoctorantes sera aussi lancé en automne par le BEC. Intitulé PROWD – Professional Women with Doctorates. Il s’adressera aux femmes qui visent des postes professoraux comme à celles qui se destinent à quitter l’université, et leur offrira des ateliers, du mentoring et du coaching. Les informations complètes sur ce programme et l’ouverture des inscriptions sont prévues pour le mois de juin.

Que considérez-vous comme prioritaire dans l’appui que la Faculté peut apporter aux questions liées à l’égalité homme – femme ?

Il existe déjà un nombre important de mesures pour soutenir le personnel académique, mais je constate régulièrement que celles-ci ne sont pas encore suffisamment connues. Par exemple, une récente enquête a montré qu’une part non-négligeable des postdoctorantes de l’UNIL ne connaissent pas bien les mesures de soutien à la relève féminine dont elles pourraient bénéficier. Par ailleurs, beaucoup de parents qui travaillent ou étudient à l’UNIL ignorent qu’ils peuvent bénéficier d’une offre gratuite de garde d’urgence en cas d’imprévu, ou que de nombreux bâtiments disposent d’un local d’allaitement. L’une des priorités pour moi est donc d’améliorer la communication et l’information pour mieux visibiliser les mesures et structures existantes, et celles qui vont encore être développées. La faculté dispose maintenant d’une page web consacrée à la thématique de l’égalité (qui va encore être complétée et améliorée) qui, en plus de résumer le Plan d’action pour l’égalité de la faculté, offre des liens vers diverses ressources. Les directeurs et directrices d’institut vont aussi prendre une part active dans la diffusion des informations en lien avec la promotion de l’égalité, par le biais des conseils d’institut.

Un autre objectif prioritaire du Plan d’action est de mieux connaître, et faire connaître, les données statistiques genrées pertinentes concernant le personnel académique (composition, trajectoires, situation familiale, fonds obtenus, etc). C’est essentiel pour évaluer l’adéquation des mesures existantes en matière de promotion de l’égalité et de soutien aux carrières féminines, et pour en développer de nouvelles. Ces données seront intégrées dans la prochaine auto-évaluation de la Faculté, en 2019. Des membres de la faculté collaborent par ailleurs actuellement à plusieurs études et groupes de travail qui permettront une meilleure compréhension des situations et parcours académiques et des enjeux de genre et d’égalité qui y sont liés. Des chercheuses et chercheurs du PRN LIVES travaillent à la mise sur pied d’une étude conjointe entre l’UNIL et l’UNIGE sur les parcours professionnels et familiaux des hommes et des femmes du corps professoral. Un groupe de travail de l’ISS mène une enquête sur l’encadrement des thèses, qui est connu comme un paramètre important pour la poursuite ou non d’une carrière académique. Cette étude, qui pourrait être élargie aux autres instituts, nous donnera des informations précieuses sur les conditions qui favorisent ou découragent la poursuite d’une carrière académique, dans une faculté largement féminisée au niveau du doctorat (58.8% d’assistantes diplômées), et qui perd encore beaucoup de femmes au fil des étapes suivantes (52% de postdoctorantes, 37.7% de MER et 34.9% de professeures).