Jérémy Marro

Agir violent et temporalité psychique dans le processus adolescent. Une approche psychodynamique par les méthodes projectives

Diplômé d’un Master en psychologie et d’un Master of Advanced Studies en psychosociologie clinique, Jérémy Marro a tout d’abord travaillé en pédopsychiatrie avant d’entreprendre une thèse de doctorat à l’Université de Lausanne, sous la direction du Prof. Pascal Roman (IP). Il a maintenu une pratique clinique continue dans le domaine de la psychologie en parallèle à sa recherche, et a défendu sa thèse le 16 mars 2018.

Cette recherche investigue dans une perspective psychanalytique la place et la fonction des agirs violents hétéro-adressés atteignant à la vie d’autrui à l’adolescence. Elle propose d’articuler les travaux relevant la place des agirs à l’adolescence dans les processus de symbolisation/désymbolisation (Roman & Dumet, 2009) et ceux soulevant la place centrale de l’adolescence dans la constitution de la temporalité psychique, le présent de l’évènement pubertaire créant rétroactivement le passé (Marty, 2005).

Alors que de nombreuses recherches ont mis en évidence la place des traumatismes précoces dans les agirs violents, convoquant en filigrane la question de la temporalité psychique, peu de travaux ont spécifiquement investigué le lien entre agirs violents à l’adolescence et temporalité psychique dans le cadre d’une théorie du temps cohérente. Cette recherche met en avant la manière dont les travaux de la relativité restreinte (Einstein, 1905) et leurs prolongements métaphysiques peuvent proposer une métaphore intéressante afin de soutenir une modélisation métapsychologique du fonctionnement psychique et de l’agir violent grave, ses articulations avec les traumatismes précoces et sa participation à la constitution de la temporalité psychique.

Pour ce faire, des épreuves projectives (test de Rorschach, TAT et génogramme libre) ainsi qu’un questionnaire d’investigation clinique ont été proposés à 10 adolescents. Les résultats mettent en évidence une temporalité psychique en souffrance. Articulée à l’investissement de la spatialité qui se présente ici en défaut de dynamisme, il apparaît intéressant de proposer une modélisation d’un espace-temps psychique quadridimensionnel afin de penser le fonctionnement psychique et la place de l’agir violent.

Dans le cadre de la mésarticulation/désarticulation de l’espace-temps psychique relevée chez les sujets rencontrés, le traumatisme précoce s’avère impossible à localiser temporellement et spatialement en raison d’un manque de repère à même de fixer un présent, c’est-à-dire un « ici et maintenant ». Le traumatisme fait alors retour sur un mode hallucinatoire. Cette recherche suggère ainsi que l’agir crée de manière catastrophique et désespérée un référentiel en écho à la puberté qui n’a pu se constituer comme repère structurant pour le psychisme, participant ainsi potentiellement à la constitution de la temporalité psychique et ouvrant sur la possibilité d’un après-coup.